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Palm Springs, l’antre du Mid-Century Modern

À 170 km à l’Est de Los Angeles, Palm Springs a tout du musée à ciel ouvert. Autrefois refuge des stars hollywoodiennes, la ville regorge aujourd’hui de joyaux minimalistes bâtis par les plus grands architectes modernistes.

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Au début du 20e siècle, Palm Springs attire ses premiers touristes en quête d’un climat chaud et sec afin de soigner l’un ou l’autre mal. La jet-set prend elle aussi goût à la douceur de la petite ville qui finit du coup par se muer en cité-dortoir pour stars surmenées. Pour la plupart d’entre elles, une clause dans le contrat qui les lie aux majors leur interdit de s’éloigner à plus de deux heures de route des plateaux de tournage hollywoodiens. Proche, discrète et bénéficiant d’un ciel bleu quasi permanent, cette oasis située aux portes du désert devient alors le lieu de villégiature pour comédiens et artistes en vogue.

Un désert qui inspire

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique vit ses heures de gloire, baignée dans un optimisme qui touche toutes les classes sociales, annonciateur d’un futur où tout semble possible. Dans ce contexte naît un nouveau style architectural, initié dès la fin des années 1930 par Albert Frey, un disciple de Le Corbusier, inspiré par l’école du Bauhaus et par le modernisme européen de l’entre-deux-guerres. Pour Frey, ces terres arides encerclées de montagnes omniprésentes créent le substrat parfait pour qu’architecture et paysage cohabitent en parfaite harmonie. La sobriété s’impose d’elle-même. On recourt donc à des matériaux simples, dont le verre, l’acier et le béton sont les ambassadeurs. De quoi inviter l’environnement à pénétrer l’intérieur de maisons que l’on n’érige que sur un niveau, afin de ne pas froisser Dame Nature. La lumière exceptionnelle du désert et l’azur du ciel magnifient des pièces de vie qui sont elles aussi dominées par des meubles et un aménagement à la fois sobre et ergonomique.

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Le Mid-Century Modern est né. Un mouvement qui démocratise l’architecture de bon goût en mariant la rationalité, l’innovation, la fonctionnalité et la lumière.

Un nid à joyaux architecturaux

A l’aube des années 1950, Palm Springs connaît un important boom immobilier. Mais là où la plupart des villes se développent trop vite, avec un utilitarisme qui prend le dessus sur la cohérence entre l’architecture et son environnement, Palm Springs, elle, croît tout en douceur. Certes, les villas poussent comme des champignons mais on fait appel aux plus grands pour créer des projets harmonieux. Les promoteurs George et Robert Alexander par exemple, ont construit près de 2.200 maisons, dont l’une fut la propriété de Marilyn Monroe.

Steve McQueen craque aussi pour Palm Springs et acquiert, en 1963, une villa conçue par Hugh Michael Kaptur. Un bijou qui dispose bien entendu d’une piscine mais surtout d’un vaste parking où la superstar peut garer sa collection de bolides, dont deux Porsche 911 et une série de motos. Frank Sinatra fait de même et érige Twin Palms avec sa piscine en forme de piano à queue et son studio d’enregistrement. Avec ses quelque 400 m2, la villa a été le théâtre de fêtes et beuveries mémorables, les Dean Martin, Lana Turner, Judy Garland et autres Lauren Bacall trustant la guest list. De violentes disputes y éclateront aussi entre Sinatra et sa seconde épouse, Ava Gardner. Le lavabo fêlé à coups de bouteille de Dom Pé’ en garde irrémédiablement le souvenir.

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Plébiscitée par les stars, Palm Springs et ses villas seront aussi le décor de nombreux films, parmi lesquels Diamonds Are Forever, septième opus de la saga James Bond. L’Elrod House, une villa futuriste perchée à flanc de montagne, œuvre de John Lautner, est entrée dans les annales suite à une scène de lutte opposant Sean Connery à deux lutteuses qui lui en font voir de toutes les couleurs.

Décadence et renaissance

Au début des années 1980, Palm Springs perd de sa superbe. La petite ville est désertée par les vedettes au profit de la flamboyante Miami et de son Art déco. Le joyau du désert se mue alors progressivement en maison de retraite géante pour fortunés has been et amateurs de golf.

Il faudra attendre le début des années 90 et l’arrivée du festival de musique lesbien The Dinah, puis 1999 avec le d’ores et déjà mythique Coachella Valley Music and Arts Festival pour que la cité renaisse de ses cendres. L’arrivée massive d’esthètes et d’un public globalement sensible à la culture et au bon goût éveille un sérieux regain d’intérêt pour l’architecture locale. Les plus grands noms de la mode choisissent la ville et ses villas pour y dévoiler leurs dernières collections. Les photographes y enchaînent les shootings tandis que des événements dédiés à l’architecture locale, à l’image de la Modernism Week organisée chaque année, attirent tous les férus d’architecture.

Aujourd’hui, la magie de Palm Springs opère à nouveau. Les villas vintage sont rénovées avec soin, des projets immobiliers respectueux du style local sortent de terre tandis que des stars de cinéma comme Leonardo DiCaprio y investissent des centaines de milliers de dollars pour acquérir les témoins d’un âge d’or. Palm Springs a la cote et ne demande qu’à être découverte. Des initiatives comme The Modern Tour, qui permet de visiter des villas d’époque avec un guide, témoignent de la volonté d’exhiber une ville absolument unique au monde.

Plus d’infos sur www.visitpalmsprings.com  et www.moderntour.com

 


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