A la Boverie, il y a le ciel, les pigeons et la Meuse

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Le passé, le présent et le futur sont inscrits dans la presqu’île de la Boverie. L’histoire du site remonte au siècle dernier avec les travaux de dérivation de la Meuse et l’Exposition Universelle de 1905. Son présent conjugue les concepts forts des architectes qui ont collaboré à l’élaboration aux monuments clés constituant l’axe gare des Guillemins (Santiago Calatrava) – la Boverie (Rudy Ricciotti) – Médiacité (Ron Arad). Son futur rime avec expositions de renommée internationale en partenariat avec Le Louvre (entre autres) et (re)développement du trafic fluvial. Sa réouverture est prévue le 5 mai. Visite en avant-première.

Par Sybille Wallemack

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Le 29 janvier dernier, nous pénétrions dans l’édifice qui était alors en dernière phase de lifting ; les murs étaient blancs immaculés, un engin de chantier trônait au milieu des espaces et aucune œuvre n’habillait encore les cimaises. Même le Sol LeWitt transporté de l’ancien bâtiment des musées des Beaux-Arts et reconstruit à l’identique est caché, protégé. « Pour nous forcer à revenir » explique-t-on… Ne vous inquiétez pas, on reviendra. Avec ou sans Sol LeWitt !

Un site historique

La presqu’île de la Boverie résulte de l’amoncellement des terres évacuées lors du chantier de la Dérivation entrepris entre 1853 et 1863 afin de redresser le tracé de la Meuse et aménager un canal pour palier aux différents problèmes de navigation rencontrés alors (hauteur d’eau, coudes et méandres…). En 1905, le bâtiment principal de l’Exposition Universelle fut construit par les architectes belges Charles-Etienne Soubre et Jean-Laurent Hasse, architectes officiels de l’Exposition Universelle. Dès sa conception, il fut destiné à rester, s’inscrire dans le patrimoine liégeois, contrairement à d’autres pavillons éphémères. Petit havre de paix dans la dynamique cité, l’espace est entouré d’eau et bordé d’un jardin à la française invitant à la promenade. Depuis sa première destination, le pavillon connut différentes affectations. Il fut successivement Palais des Fêtes et des Expositions, QG des Allemands pendant les deux Grandes Guerres, Musée d’art Moderne (en 1980) pour finir en MAMAC (Musée d’Art Moderne et Contemporain, en 1993). Fermé depuis 2013 pour travaux, le palais subit différentes transformations architecturales pour voir l’espace ouvert de 1905 réinstauré.

Ricciotti et Hautecler,deux architectes respectueux

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La nature omniprésente à travers toutes les fenêtres de l’édifice et son histoire ont inspiré aux architectes en charge du réaménagement du site en lieu d’art d’envergue internationale, un geste empreint de respect. Leurs interventions ont consisté pour l’un par la création d’un appendice vitré sur pilotis surplombant la Meuse et pour l’autre, une restauration du bâti. Rudy Ricciotti et le bureau pHD (Paul Hautecler et Pascal Dumont) se sont associés pour répondre à un concours d’envergue internationale. D’un côté l’architecte provençal à qui l’on doit, entre autres, le MUCEM à Marseille et le département des arts de l’Islam du Louvre à Paris, et de l’autre, un ancrage liégeois emmené par Paul Hautecler dont la restauration de l’église Saint-Barthelemy et la scénographie du Grand Curtius ont marqué les esprits. Très juste et inspirant, le résultat réinterprète pour sublimer son cadre évoquant l’histoire industrielle, artistique et technologique de l’ancienne principauté. L’objet de l’article n’est pas d’entrer dans les détails techniques du gros œuvre mais soulignons quand même ici l’importante technicité dont il a été usé avec notamment des colonnes conçues en un seul fût avec coffrage apparent pour le nouvel ajout et relèvement des plafonds des caves avec travail sur les colonnes originelles de fonte avec habillage en plâtre pour les espaces restaurés.


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