aphantasie

Comprendre l’aphantasie, forme de cécité mentale

Dans la série des troubles aux noms abscons, l’aphantasie est une pathologie neurologique rare liée à l’imagerie mentale. Quels en sont les symptômes et traitements ?

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Des difficultés à se souvenir des traits d’un être cher disparu ou de l’image du premier flirt… Un flou visuel entoure le quotidien de la personne atteinte d’aphantasie. De quoi s’agit-il ? Bienvenue en terre inconnue.

L’aphantasie, cette imagination aveugle

Ce trouble neurologique peu médiatisé peut se définir comme une incapacité chez les personnes atteintes de construire des images mentales liées aux souvenirs. Mais avec une mémoire spatiale intacte. Le terme « aphantasie » vient du grec :  « a » privatif et « phantasie », imagination. La pathologie est apparue en 2015 dans la revue médicale Cortex et concernerait un pourcentage estimé entre 2 et 5% de la population.

Des causes toujours méconnues

Ce syndrome neurologique n’a pas de causes formellement identifiées, elles sont restées à l’état d’hypothèses. L’une d’entre elles, fréquemment citée dans les études, explique que les personnes aphantasiques se verraient incapable d’activer le cortex visuel pour générer des images mentales. Et cela, en raison d’un manque de connexion de rétroaction issu de leur cortex frontal. Pour d’autres spécialistes, l’aphantasie pourrait aussi résulter d’un traumatisme cérébral, comme un accident ou une lésion, ou d’un héritage génétique.

Quels sont les symptômes de l’aphantasie ?

Une personne aphantasique est incapable de se créer volontairement des images liées à ses souvenirs. C’est le symptôme majeur de ce trouble. Impossible pour elle de décrire le visage du premier amour, l’intérieur de la classe d’école ou le paysage admiré lors des récentes vacances. Si l’aphantasie concerne essentiellement l’imagination visuelle, elle peut également concerner d’autres sens, comme l’odorat ou l’ouïe. Et, ainsi, ne plus permettre de se souvenir de la saveur d’un plat ou de la mélodie d’une chanson aimée dans l’enfance.
« Je me suis rendu compte que j’étais ‘différente’ des autres le jour où j’ai retrouvé des amies d’enfance lors d’un dîner. Les souvenirs se sont échangés sur nos voyages scolaires, nos professeurs, les garçons. Et là, brutalement, je n’arrivais plus à visualiser ces souvenirs. Comme effacés. Je me souvenais de ces souvenirs, oui, mais plongés dans le flou. Ce trouble ne me bloque pas dans ma vie quotidienne mais crée une impression de vide. Je ne peux même pas visualiser mes rêves, contrairement à mes enfants qui les racontent en détails au déjeuner », explique Marion, aphantasique.

Quel traitement possible ?

A ce jour, il n’existe aucun traitement connu pour soigner l’aphantasie. Fort heureusement, la vie de la personne diagnostiquée se révèle quasiment normale, et l’aphantasie ne produit généralement pas de souffrance affirmée. Un espoir de répondre aux questions actuelles et, peut-être, de trouver des solutions, réside dans les nouvelles techniques d’imagerie médicale.
La bonne solution alternative ? Peut-être celle de Marion : « J’ai décidé de compenser mon handicap par la création de souvenirs visuels concrets. Comme j’oublie mes souvenirs, je les concrétise à jamais par des photos. De mes proches, des lieux que j’ai aimés, de mes rencontres. Je tiens aussi un carnet intime où je privilégie les descriptions. Cela me rassure et me permet de conserver des traces. »

 

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