Que celle qui ne s’est jamais « sacrifiée » pour venir en aide à un frère ou une sœur plus jeune lève le doigt. Un statut d’aînée qui n’a rien d’une partie de plaisir. D’autant plus quand, en tant que femme, on a été éduquée avec un devoir de responsabilité. Au point de subir le syndrome de la sœur aînée, bien connu en psychologie.
Le syndrome de la soeur aînée, de quoi s’agit-il ?
Si le syndrome de la soeur aînée n’a pas de reconnaissance médicale, il peut se définir comme l’ensemble des tâches et devoirs imposés à l’aînée en raison de son statut dans une fratrie. Mais pourquoi ce syndrome concerne-t-il davantage la fille aînée ? « Car il résulte souvent d’une forme d’héritage de pratiques ancestrales, lorsque, traditionnellement, la femme était destinée à répondre aux besoins de la famille, à éduquer les plus jeunes. Pour utiliser une expression populaire, la fille aînée constitue la roue de secours pour le reste de la fratrie », explique Sophie Renoir, coach de vie. Et cette situation ne s’éteint pas à l’âge adulte. Nul doute que de nombreuses quinquagénaires vont se reconnaître à la lecture de l’article. Avec, encore et toujours, ce poids posé sur leurs épaules. Pas forcément pour supporter les soucis de leurs cadets mais, le plus souvent, pour gérer, seules, ceux des parents âgés. Comme si cette responsabilité leur appartenait de fait. Un syndrome loin d’être marginal, bien présent sur les réseaux sociaux sous le hashtag #EldestDaughterSyndrome. Avec des commentaires qui expriment la difficulté vécue.
Quelles sont les implications ?
Ce syndrome de la soeur aînée se forge généralement à l’enfance. Comme premier enfant de la famille, l’aînée est davantage surveillée, forgée aux exigences des parents, avec une éducation généralement plus stricte. On lui enseigne l’importance de correspondre aux attentes, de prendre soin des autres, des plus jeunes dans la fratrie. Ce comportement ne cessera de grossir comme une boule de neige au fil des naissances dans la famille. Les cadets vont alors se reposer sur leur aînée, de façon très naturelle. Cette responsabilité assumée et/ou forcée va impliquer une fatigue émotionnelle, parfois physique. Sans oublier une forme de renoncement vécu par une aînée, qui n’aura pas, elle, d’épaule sur qui se reposer. Sauf si elle a un cercle amical qui lui donne une bouffée d’air bienvenue.
Comment gérer ce syndrome ?
Se libérer du syndrome de la fille aînée n’est pas aisé. Une réaction réclame une certaine force de caractère pour oser dire non aux sollicitations et s’affirmer face aux demandes des puînés. « Mais aussi une force mentale pour ne pas rester sur la peur de blesser ses proches. Même si cela s’avère difficile, il convient de se mettre des limites pour ne pas se laisser submerger par les émotions ou les soucis des proches », explique Sophie Renoir. Une autre solution efficace pour se ménager consiste à ne pas ou plus s’investir de façon volontaire. « On ne vous demande pas d’aide ou d’avis ? Parfait, n’insistez pas et évitez de devancer les requêtes. Votre souci de vouloir tout régler peut être aussi source de conflits dans la fratrie. Alors, aider ses proches, d’accord, mais sans s’oublier pour son bien-être », conclut la coach.
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