tromper

Est-ce que tromper, c’est ne plus aimer ?

De nos jours, 40% des femmes admettent tromper ou avoir trompé leur partenaire. Mais est-ce que l’infidélité ne touche que les couples qui vont mal ou répond-elle à une autre logique ?

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Impérativement, nos amours se conjuguent en mode monogame. Elles se doivent d’être exclusives, intenses, infinies et intemporelles. Les exigences sont élevées et d’autant plus difficiles à tenir que la vie à deux n’est pas un long fleuve tranquille. Ce n’est pas pour rien que de nombreux couples vivent aussi l’aventure ailleurs. Tromper l’autre est fréquent. Les pourcentages varient d’une étude à l’autre mais ils tournent autour des 40% pour les femmes et des 60% pour les hommes. Le décalage entre les genres s’explique notamment par le fait que les femmes ont tendance à taire ces comportements. On observe d’ailleurs qu’au fil des décennies, il se réduit. Selon les chiffres de l’institut français Ifop, en 1970, les femmes étaient 10% à avouer tromper leur partenaire, contre 24% en 2001 puis 32% en 2014, 33%  en 2019.

Qu’est-ce que tromper ?

Et ces chiffres pourraient être plus grands encore si on modifiait la notion d’infidélité car au final, qu’est-ce que tromper ? Est-ce s’envoyer physiquement en l’air avec une autre personne que son partenaire ? Est-ce embrasser un tiers ? Regarder une vidéo porno ? Consulter des sites de rencontre ? Se masturber ? Envoyer des messages érotiques ? Penser à un autre homme quand on fait l’amour avec son partenaire ? Fantasmer sur un copain ? Chacun décidera en fonction de ses normes et valeurs. Mais penser que tout ce qui est d’ordre sexuel doit être partagé ne facilite pas la vie de couple et manifeste un manque de respect pour la vie privée de l’autre et son autonomie.
Fréquente, l’infidélité est pourtant considérée comme une tromperie majeure, une trahison absolue, une transgression impardonnable. L’infidélité est considérée dans notre société monogame comme une épreuve si terrible pour un couple qu’elle peut en justifier la fin. Elle est le coup de grâce d’un amour.

Heureux dans son couple et infidèle ?

Ce coup de grâce ne touche-t-il que les couples qui vont mal ? L’infidélité survient plus souvent dans les unions problématiques. Souvent on trompe parce qu’on est insatisfait de la relation tant sur le plan émotionnel que sexuel. On aime ailleurs parce qu’on ne s’entend plus avec son compagnon et ne parvient plus à dépasser les disputes. On peut être infidèle aussi pour des raisons très personnelles : réparer des blessures anciennes, booster son estime de soi, avoir des troubles de l’attachement, répondre à un narcissisme, ne pas résister à son tempérament impulsif.
Mais contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, on peut être heureux dans son couple et infidèle ! Des femmes et des hommes trompent leur conjoint.e pour des tas de raisons différentes : se sentir plus vivant encore, se découvrir de nouvelles facettes, retrouver la jeunesse, avoir un moment rien qu’à soi, se sentir libre en désobéissant aux conventions, ressentir les frissons d’être au-dessus des lois, se retrouver soi-même, affirmer son autonomie perdue dans le couple, revivre avec énergie, découvrir un aspect inconnu de soi, s’offrir une autre vie, booster sa confiance en soi…  L’infidélité est le moyen trouvé pour renouer avec sa force vitale.
Bien sûr, l’infidélité peut être aussi le remède (facile car il y en a d’autres) à l’érosion du désir. Souvent le quotidien du couple tue à petit feu la libido. L’engagement dans un couple répond au besoin de sécurité que chacun éprouve mais prive en même temps de l’aventure et de la liberté dont nous avons toutes et tous besoin. La familiarité du couple développe la proximité, la confiance et l’intimité mais tue l’individualité et le mystère. Mais les besoins émotionnels sont peu compatibles avec les besoins érotiques. L’infidélité peut répondre à ces envies d’aventures et de nouveautés sexuelles, tout en conservant la stabilité amoureuse. Comme l’écrit la psychothérapeute Esther Perel dans un passionnant ouvrage, Je t’aime, je te trompe : “Réconcilier l’érotisme et la vie domestique n’est pas un problème à résoudre mais un paradoxe à gérer”.

 

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