50 ans, l’âge de la seconde jeunesse ?

La crise du milieu de vie n’est pas neuve, ce qui a changé, c’est la société, focalisée voire obnubilée par l’adolescence, l’âge de tous les possibles. Pas évident, dès lors, d’ouvrir la porte à la maturité, surtout quand son corps reste en pleine forme.

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« J’entends très souvent des personnes se plaindre de devenir grands-parents : ‘Ma fille aurait pu attendre un peu’ ou ‘J’ai élevé mes enfants, à présent ils n’ont qu’à se débrouiller avec les leurs’. C’est dommage. Il n’y a pas de honte à être grand-mère ou grand-père. Pour certains, c’est une révélation, pour d’autres, cela semble être une grosse peur », note Diane Drory, psychologue et psychanalyste. A 50 ans, il est vrai, on est plus ‘jeune’ en 2020 qu’on ne l’était en 1960. Les seniors n’ont jamais été aussi actifs, sportifs, voyageurs, connectés, branchés.

Grâce aux modes de vie qui ont évolué et permettent de garder la forme plus longtemps. Mais aussi et surtout grâce au changement de mentalité. Plus besoin de porter un ‘uniforme’ en fonction de son âge. Les barrières formelles entre les générations se sont écroulées : on peut rester en jeans et baskets toute sa vie, s’échanger T-shirts, pulls, blousons et robes avec ses – grands – enfants. « C’est la chance de notre époque. Au niveau vestimentaire, les choses sont plus détendues », reprend Diane Drory.

Les crèmes anti-âge, les injections de botox et autres liftings permettent même de garder une peau lisse plus longtemps. Mais tous ces attributs extérieurs de la jeunesse ou plutôt de la vitalité exceptionnelle qui peut animer les quinquas ne doivent pas faire oublier que la maturité est là et que si on ne veut pas le voir ou si on ne l’accepte pas, on passe à côté d’une étape importante de l’existence. Une étape qui a ses plaisirs et ses saveurs, comme toutes les autres.

« La mort, on n’en parle pas, la vieillesse, on la cache »

Comme l’analyse Diane Drory :« On est dans une culture où l’on a du mal à faire le deuil des choses. La mort, on n’en parle pas, la vieillesse, on la cache. Dans ce contexte, comment faire le deuil de sa jeunesse pour accueillir une autre période tout aussi passionnante, l’entrée dans l’âge de la sagesse ? C’est pourtant une belle période où l’on devrait être moins stressé parce qu’on a plus d’expérience. On est dans la plénitude de l’âge adulte. Mais à 50 ans on voit aussi venir la vieillesse, 10-15 ans devant soi.

Cela fait très peur de nommer ces étapes. La vieillesse est l’âge de la conclusion, ce qui est très différent de l’âge de tous les possibles. Par le biais de la chirurgie esthétique ou des injections, subsiste le mythe de l’éternelle jeunesse, du temps qui ne passe pas, qu’on peut contrôler. Les personnes prises dans cet engrenage-là ratent quelque chose parce qu’à 50 ans, on n’est plus un jeune.

On peut évidemment profiter de la vie encore mieux qu’avant en voyageant, en faisant du sport et des tas de choses passionnantes, sans devoir pour ça faire semblant qu’on a 20-30 ans, avec toute l’insouciance et l’irresponsabilité qui va avec. En négligeant parfois aussi ses propres enfants, parce qu’on est dans une société très individualiste. Une deuxième jeunesse à 50 ans ? C’est un leurre, même si on a toujours la peau lisse… »

Un leurre pour lequel certains se désengagent subitement, quittent leur femme/mari, pour tenter de se sentir jeunes comme leurs propres enfants. Or s’ils aspirent à être libres de toute contrainte, ils restent des seniors aux yeux de leurs ados qui n’aiment pas croiser leurs parents sur les mêmes terrains qu’eux.

« Pour les jeunes, retrouver ses parents dans les boîtes qu’ils fréquentent jusqu’au bout de la nuit, c’est l’horreur. Autant les adultes trouvent cela drôle, autant les enfants ont besoin de voir que leurs ‘vieux’ restent à leur place, tiennent leur rôle et ne deviennent pas des copains de sortie qui ont des comportements sexuels trop démonstratifs, en embrassant goulûment devant eux leur nouvelle conquête par exemple. Les parents se doivent de respecter une certaine pudeur à l’égard de leur progéniture et s’ils veulent sortir, ils peuvent aller dans des boîtes de quinquas ».

Internet et son illusion virtuelle

Internet et son illusion virtuelle entretiennent ce mirage d’une jeunesse éternelle. « L’infinité subjective du réseau est le pendant de l’éternité subjective de l’adolescence. La jeunesse est l’âge symbolique de la modernité, non pas un âge d’insouciance mais un âge d’irresponsabilité.

C’est l’âge du possible, de la disponibilité, rien n’est conclu, on n’est pas sclérosé dans un rôle, à une place. L’âge où toutes les portes semblent encore ouvertes. Un temps de vie suffisamment agréable pour que l’on ait envie d’y rester ». Mais les illusions n’ont jamais fait grandir personne. Attention au retour de bâton… Parce que le temps, lui, ne s’arrête pas et ne se maitrise pas. Autant l’accepter année après année, en savourer chaque goutte avec délectation et la conscience que chaque étape compte, que ce chemin, c’est notre vie qui se déroule et qu’après nous, restera ce que nous aurons semé dans le cœur de nos proches.


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