infidélité

Comment diminuer les risques d’infidélité ? 

Adopter le point de vue de son partenaire aide à résister aux tentations et améliore la qualité de la relation, si l’on en croit une étude scientifique sur l’infidélité.

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L’infidélité effraie bien des couples. Dans une société qui valorise l’amour et le rêve exclusif, intense et éternel, le “manque de fidélité, de respect à un engagement”, pour reprendre la définition du Larousse de l’infidélité, est souvent considéré comme un comportement impardonnable. C’est la faute ultime qui justifie la séparation ! Pourtant l’infidélité est fréquente et même de plus en plus fréquente. Ou de plus en plus avouée. Si en 1970, les femmes étaient 10 % à oser dire de tels comportements, elles sont 33 % en 2019. Notons que les hommes sont bien plus nombreux à reconnaître ces manquements. Certains sondages font état de 60% d’hommes reconnaissant avoir été infidèles.

Éviter l’infidélité en changeant son regard

Mais on ne s’intéressera pas ici aux différences de pourcentages de tromperie avouée entre les genres, ni aux mille et une raisons expliquant ces trahisons relationnelles mais à une approche qui peut aider les couples à éviter l’infidélité. En 2022, Gurit Birnbaum de l’Université Reichman en Israël et ses collègues publient l’étude intitulée “Put Me in Your Shoes : Does Perspective-Taking Inoculate Against the Appeal of Alternative Partners?” que l’on traduira par “Mettez-moi à votre place : la prise de perspective protège-t-elle contre l’attrait des partenaires alternatifs ?” (1). La professeure en psychologie y explique une démarche relativement simple qui peut participer au maintien de relations stables et satisfaisantes et éviter de succomber à des tierces personnes séduisantes. Cette approche semble aider les partenaires vulnérables à ne pas céder à la tentation. Rien de moins !

En quoi consiste cette “prise de perspective”? Il s’agit d’envisager la situation du point de vue de son partenaire ! Mettez-vous à la place de votre conjoint – ou de votre conjointe – , pensez comme lui, ou comme elle, essayez de ressentir comme lui, ou comme elle. L’approche est intéressante car elle oblige à se décentrer, à ne plus se prendre pour l’alpha et l’oméga de la relation, à tenter de voir le monde avec le regard de l’autre. Souvent, nous avons tendance à nous prendre comme le centre et la référence. Changer son regard et envisager le point de vue de l’autre est enrichissant humainement, émotionnellement, relationnellement. Si en plus cela évite des tromperies, on souscrit totalement.

Un meilleur engagement avec son/sa partenaire

Comment Gurit Birnbaum et ses collaborateurs sont-ils arrivés à cette conclusion ? Ils ont recruté des participants et les ont séparés en deux groupes. Aux premiers, ils ont demandé de décrire une journée de la vie de leur partenaire. Aux seconds, ils ont rajouté à cette demande la description précise de ce que le partenaire pourrait penser, ressentir et expérimenter pendant cette journée. Ils ont ensuite demandé aux deux groupes de regarder une série d’images et d’évaluer si l’individu représenté était attirant et pouvait devenir un partenaire potentiel. Ils ont constaté que les participants du deuxième groupe, ceux qui avaient dû se mettre très concrètement à la place de leur partenaire, montraient moins d’intérêt pour les personnes présentées, aussi séduisantes soient elles.

Et le résultat de cette expérience a été confirmé par deux autres études qui demandaient pour l’une, aux participants de rencontrer des personnes attirantes et pour l’autre, de penser à des inconnus séduisants. À chaque fois, les participants qui se sont mis à la place de leur conjoint, ont montré un moindre intérêt sexuel et émotionnel pour les personnes attirantes. Ils se sont montrés également plus engagés envers leurs partenaires actuels et plus désirants. Ainsi prendre en compte le point de vue de son partenaire déplace l’attention de l’individu de ses préférences immédiates et égocentriques vers des préoccupations relationnelles plus larges. Et Gurit Birnbaum de conclure de ses travaux que “la prise en compte du point de vue du partenaire décourage l’adoption de comportements susceptibles de blesser les partenaires et de nuire à la relation.”

L’empathie diminue le risque d’infidélité

Si l’approche est simple, elle n’est pas pour autant aisée. Se décentrer peut être difficile mais tenter d’adopter le point de vue de l’autre a bien des avantages. Elle favorise le sentiment de proximité, booste l’empathie qui, comme le souligne l’étude, contribue à rendre la relation plus satisfaisante pour les deux partenaires. C’est tout le bien-être relationnel qui est amélioré quand on se soucie de l’autre. Quoi de plus logique, dès lors, qu’on ait moins envie de tromper : plus on investit dans la relation, plus on veille à la qualité du lien, plus on est épanoui et moins grand est l’attrait d’un moment de plaisirs sensoriels à court terme.

Prendre soin de la relation, même après de longues années d’union, est le meilleur moyen d’être heureux et de ne pas tenter le diable. Ne jamais croire que les choses sont acquises, rester attentif à l’autre renforce les liens émotionnels et protège des tentations.

(1) Gurit E. Birnbaum, Tammy Bachar, Gal F. Levy, Kobi Zholtack & Harry T. Reis (2022). Put Me in Your Shoes : Does Perspective-Taking Inoculate Against the Appeal of Alternative Partners?. The Journal of Sex Research.

 

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