problèmes d'érection

Comment vivez-vous les problèmes d’érection de votre partenaire ?

Bien des femmes vivent mal les problèmes d’érection de leur conjoint. Or de telles dysfonctions concernent 60% des hommes quand ils ont entre 50 et 59 ans, 80% entre 60 et 69 ans et 90% quand ils dépassent les 70 ans. Que faire ?

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Les années changent les corps (comme les cœurs d’ailleurs) et font évoluer le fonctionnement sexuel de chacune et chacun. À la ménopause, les femmes peuvent être incommodées par les bouffées de chaleur, palpitations cardiaques, sécheresse vaginale et autres manifestations du changement hormonal. Alors qu’elles peuvent continuer à jouir comme autrefois, elles vivent souvent une diminution de leur désir. Quant aux hommes, avec les années, ils connaissent davantage de problèmes d’érection; de telles dysfonctions concernent 40% des hommes entre 40 et 49 ans, 60% quand ils ont entre 50 et 59 ans, 80% entre 60 et 69 ans et 90% quand ils dépassent les 70 ans.

Les problèmes d’érection et leur impact psychologique négatif

Souvent les hommes sont perturbés par ces soucis, oubliant qu’ils sont des centaines de millions dans le monde à les vivre. Mais il est vrai que dans la société patriarcale, l’identité masculine est associée à la sexualité, la virilité et la fermeté (notamment érectile). Comme l’expliquent les psychologues britanniques Mark Allen, Alex Wood et David Sheffield, qui ont récemment publié un article dans la revue Current Directions in Psychological Science (1), la dysfonction érectile liée à l’âge peut avoir des effets psychologiques négatifs, notamment des sentiments d’émasculation et d’humiliation, une diminution de la confiance en soi et de l’estime de soi, des sentiments d’isolement et de solitude, une augmentation de la dépression et une diminution du bien-être subjectif.

Un doute sur leur séduction

Mais  les hommes ne sont pas les seuls impactés par les problèmes d’érection. Nombre de femmes sont fragilisées par de tels soucis. Elles oublient l’évolution naturelle de la sexualité masculine et se croient responsables de ces troubles érectiles. Elles se disent qu’elles ne sont plus séduisantes. Elles se sentent rejetées et mal-aimées. Leur estime d’elles-même est fragilisée et un sentiment de frustration prend le relais. Comme le notent les auteurs de l’étude, elles perdent le désir sexuel, sont moins excitées et jouissent moins.

Ainsi les problèmes de l’un nourrissent ceux de l’autre et les deux partenaires s’éloignent physiquement pour s’engager dans une relation asexuée. Pire encore, parfois cet éloignement des corps fait croire que les coeurs ne sont plus au diapason et ce sont les sentiments de satisfaction relationnelle, de bien-être et même de bonheur qui en sont altérés.

Affronter ensemble les soucis

Comment réagir pour dépasser le problème ? S’autoflageler n’aide pas. S’accuser de tels problèmes d’érection est contre-productif. Tout comme accuser l’autre !  Ou le laisser gérer seul le problème. Les trois psychologues britanniques notent que l’attitude, le comportement et la compréhension du partenaire féminin sont des facteurs d’influence importants dans la gestion des problèmes d’érection, et les interventions axées sur le couple, plutôt que sur l’homme seul, sont considérées comme une meilleure approche pour améliorer la fonction érectile. C’est ensemble que l’on choisit un moyen de dépasser ce souci qui est des plus normal tant il appartient à l’évolution naturelle de la sexualité.

Les approches thérapeutiques sont nombreuses, des suppléments de testostérone aux  inhibiteurs de phosphodiestérase de type 5 (soit les viagra et équivalents) en passant par les auto-injections intracaverneuses,  les pompes à érection sous vide et les thérapies par ondes de choc… Mais on n’oublie pas que le stress et l’angoisse de performance impactent aussi la qualité de l’érection, d’où l’importance d’approches thérapeutiques plus psychologiques. On veille encore à son hygiène de vie : bien dormir, maintenir une alimentation saine, limiter la consommation d’alcool et de cigarettes, et avoir une activité physique. On insiste même sur la pratique du sport. Une toute dernière étude de décembre 2023 publiée dans The Journal of Sexual Medicine (2) a montré que la pratique régulière d’une activité sportive de type cardio – trois fois par semaine pendant 30 minutes – améliore la fonction érectile de façon presque équivalente à un médicament de type viagra.  On sait aussi que le sport déstresse, améliore l’image de soi, pour les hommes comme pour les femmes !

Plutôt que d’enterrer sa vie intime, quand surviennent les effets de l’âge, parler et affronter ensemble le souci permet de le dépasser. Et puis de tels problèmes peuvent être l’occasion de développer sa créativité érotique et ne pas axer la rencontre physique uniquement sur la pénétration. Faire l’amour, c’est bien plus que le coït !

(1) Allen, M. S., Wood, A. M., & Sheffield, D. (2023). The psychology of erectile dysfunction. Current Directions in Psychological Science.
(2) Khera, M., Bhattacharyya, S., Miller, L.,  (2023) Effect of aerobic exercise on erectile function: systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials, The Journal of Sexual Medicine.

 

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