Madonna, Mariah Carey, Demi Moore, Jennifer Lopez ou Courteney Cox, sans oublier Brigitte Macron, ont défrayé la chronique pour leurs relations avec des hommes plus jeunes qu’elles. Sans doute leur statut de vedette leur a-t-il permis cette liberté d’être ce qu’on nomme encore trop souvent des « cougars« . Mais notre société n’est guère habituée à de tels amours contraires aux normes socioculturelles qui veulent que les femmes plaisent par leur jeunesse et leur beauté, signes de fertilité, et que les hommes séduisent par leur assurance aussi bien émotionnelle que matérielle ou sexuelle. Cet aplomb masculin offert par l’âge, manifesterait leurs capacités à entretenir une progéniture. Les choses changent, heureusement. Les audacieuses qui sortent avec de jeunes partenaires masculins sont davantage acceptées. Mais ne rêvons pas, les « cougars » restent plus critiquées que leurs homologues masculins aimant de séduisantes jeunes femmes. Souvenons-nous des moqueries et même des insultes subies par Brigitte Macron. Pour beaucoup, ces femmes restent des prédatrices sexuelles, des chasseuses de “toy boys” qui leur apporteraient, si on en croit les intéressées, énergie, optimisme, fraîcheur, enthousiasme et plaisir (1) .
Des relations peu conventionnelles
Mais ces femmes allant à contre-courant sont-elles heureuses ? Pour le savoir, plongeons dans l’étude publiée l’année dernière dans la revue scientifique Sexual and Relationship Therapy (2). Les auteurs, Marilyn Thomas, Samantha Banbury, Joanne Lusher et Chris Chandler ont sondé quelque 17 femmes (dont quelques Belges !) vivant en couple avec des partenaires masculins ayant entre 7 et 10 ans de moins qu’elles ainsi que 7 femmes en relation avec des hommes du même âge. Via des questionnaires validés scientifiquement, elles les ont interrogées sur leurs visions du couple présentant une grande différence d’âge et ont évalué leurs sentiments d’auto-efficacité sexuelle, d’intelligence émotionnelle et de bonheur subjectif. Petites explications terminologiques : l’auto-efficacité sexuelle désigne la faculté à prendre son désir en main, à choisir de vivre un bien-être sexuel qui évite les comportements à risque. Ce que d’autres appellent l’ “agentivité sexuelle”, ou l’ “autonomie sexuelle”, est connue pour apporter confiance en soi érotique et satisfaction sexuelle. Quant à l’intelligence émotionnelle, il s’agit de la faculté de reconnaître, comprendre et gérer ses propres émotions et celles des autres. De quoi favoriser de meilleures relations interpersonnelles et une meilleure communication. En ce qui concerne le bonheur subjectif, les auteurs de l’étude le définissent comme la perception qu’a un individu de son propre bien-être et de sa satisfaction existentielle. Des études ont montré que les individus qui présentent ces trois traits – auto-efficacité sexuelle, intelligence émotionnelle et bonheur subjectif – ont tendance à avoir des relations amoureuses plus épanouissantes.
Des cougars et toy boys pleinement satisfaits
Et dans ces trois domaines respectifs, les résultats de l’étude britannique de 2023 sont sans appel : les scores sont plus élevés chez les femmes vivant avec des hommes plus jeunes ! Leurs relations amoureuses seraient ainsi des plus épanouissantes. Certes l’échantillonnage n’est pas important; les auteurs ont galéré pour trouver des participantes cougars mais pourquoi ne pas adhérer aux conclusions de cette étude qui remettent en question l’idée préconçue selon laquelle les femmes en couple avec des hommes plus jeunes ont des relations moins épanouissantes ou réussies que celles qui vivent avec des hommes du même âge ? De plus, ces résultats confortent ceux d’autres travaux (3) menés sur les hommes qui ont choisi de vivre avec une femme plus âgée. Ces “toy boys”, pour les appeler vulgairement, disent leur désir pour ces femmes qui sont assertives au lit, connaissent leur corps et leur plaisir, et ne craignent pas de les exprimer. Ils apprécient leur ouverture d’esprit et n’ont pas peur d’être jugés quand ils expriment leurs envies.
(1) Lehmiller, J. J., & Agnew, C. R. (2008). Commitment in age-gap heterosexual romantic rela- tionships: A test of evolutionary and socio-cultural predictions. Psychology of Women Quarterly, Watson, W., & Stelle, C. (2011). Dating for older women: Experiences and meanings of dating in later life. Journal of Women & Aging.
(2) Thomas, M., Banbury, S., Lusher, J., & Chandler, C. (2023). Age-hypogamy, emotional intelligence, sexual self-efficacy, and subjective happiness associations. Sexual and relationship therapy.
(3) Alarie, M. (2019). Sleeping with younger men: Women’s accounts of sexual interplay in age-hypogamous intimate relationships. Journal of Sex Research
Armstrong, E., England, P., & Fogarty, A. (2012). Accounting for women’s orgasm and sexual enjoyment in College Hookups and relationships. American Sociological Review.
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