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La Femme de la Semaine : Rencontre avec Jo Salter

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Considérée comme l’une des femmes les plus inspirantes au monde par le « Harpers & Queen » Magazine, Jo Salter est la première Anglaise (et la cinquième femme au monde) à être devenue pilote de chasse. Lorsqu’elle donna sa démission à la Royal Air Force, elle reprit des études de sciences économiques, enseigna le management dans une Business School d’Angleterre, monta sa propre entreprise de consultance, et devint directrice des Ressources humaines chez PwC. Conférencière, coach et auteure, cette mère célibataire de deux enfants a brisé les barrières sociales. Sa puissance ? Apprivoiser sa peur pour la transformer en énergie positive !

Une histoire qui donne des ailes

Après des années de lutte, le siècle dernier a été marqué par une série de droits en faveur des femmes. Si celles-ci ont gagné l’autorisation de voter, de divorcer et de travailler, certains domaines restaient, jusqu’il y a peu, encore exclusivement dédiés aux hommes. C’est notamment le cas pour l’aviation militaire qui a accepté la compagnie de la gent féminine en 1990. Il aura fallu de grandes protagonistes, comme Jo Salter, pour faire évoluer les lois comme les mentalités… et ouvrir ainsi le chemin à leurs cadettes.

Jo nous raconte : « Quand j’étais petite, j’avais dans l’idée d’aller à l’université et de vivre une vie paisible. Mais, ma mère voyait les choses autrement. Elle ne voulait pas que je m’enferme dans une vie trop confortable, elle aimait me challenger. Son but était que je me donne la possibilité d’accepter toutes les opportunités qui se présenteraient à moi dans le futur. Le jour où elle m’a proposé d’étudier l’ingénierie en me disant qu’avec cette formation, toutes les portes me seraient ouvertes, j’ai quitté l’école et j’ai rejoint la Royal Air Force. J’avais 18 ans. J’y ai étudié l’ingénierie des systèmes électroniques. À la fin de mes études, je me suis portée volontaire pour passer les tests d’aptitude, car je désirais vraiment voler. Je les ai tous réussis. Mais à l’époque, le gouvernement considérait que c’était trop risqué d’autoriser les femmes à être aux commandes d’avions de chasse. Honnêtement, il n’y avait aucune raison valable à cet écartement. J’étais la septième fille à suivre des entrainements de pilotage. Lorsqu’ils ont annoncé que les femmes pouvaient piloter des avions rapides, je suis devenue la première pilote de sexe féminin en Angleterre et la cinquième dans le monde. La première était Caroline Aigle en 1990. C’était une Française. Je suis donc devenue une “pilote Tornado” pour les forces aériennes anglaises. Nous nous entraînions au nord de l’Iraq. Nous n’étions pas au front. Nous étions dans la “no fly zone”. Nous prenions des photos, faisions des repérages et des exercices en cas de guerre. Quand j’ai démarré ma carrière, j’entendais régulièrement que je ne ressemblais pas vraiment à un pilote de chasse. Quand je demandais à ces gens “selon vous, à quoi pensez-vous qu’un pilote de chasse devrait ressembler ?”, ils me disaient “je ne pensais pas que vous seriez si petite”. Ils devaient avoir en tête l’image des coureurs de tir olympique. Mais, je leur répondais simplement “ma taille pose-t-elle vraiment un problème ? Il me semble que c’est mon cerveau qui commande la machine”. Je pense que certains instructeurs masculins n’étaient tout simplement pas encore prêts à accepter le fait que les femmes puissent également piloter des avions de chasse. Je pense que lorsque vous essayez d’instaurer un changement et de secouer les mentalités, vous devez garder un certain sens de l’humour afin de “faire passer la pilule »  plus aisément. Si ce n’est pas le cas, vous risquez de vous retrouver confrontée aux blocages de la partie opposée et de vous brûler. La manière dont je répondais aux réactions que certains de mes collègues masculins avaient à mon égard m’a permis de créer du lien avec eux. Grâce à l’humour, je pouvais les prendre par surprise et on finissait par plaisanter. Cela rend le changement plus léger. Je pense que lorsque vous devez faire face à des situations tendues, vous avez tout à gagner à utiliser votre cerveau pour trouver des solutions créatives plutôt que de vous apitoyer sur votre sort. Je pense que l’humour est une arme redoutable, car elle a le pouvoir de rendre la discrimination des genres si risible que cela peut vite en devenir gênant pour ceux qui la génèrent. » 

Un train-train à 1000 à l’heure ?

Les opportunités peuvent être comparées à des trains. Imaginez-vous sur le quai de la gare, voulant quitter un endroit qui ne vous convient plus. Vous avez deux choix, monter dans le premier train ou attendre le suivant. La destination reste la même. Certaines personnes sauteront dans le premier et partiront immédiatement pour l’inconnu tandis que d’autres hésiteront et préféreront attendre le prochain et ainsi de suite, quitte à rester toute leur vie sur le quai de la gare, enchaînées à leurs angoisses. Jo Salter a préféré ne pas perdre de temps et monter dans le premier train. Voici sa philosophie : « Les opportunités se présentent très facilement lorsque vous commencez à ouvrir votre esprit aux éventualités. Vous devez être attentive pour les reconnaître et les comprendre. Ensuite, vous devez être assez courageuse pour foncer. Cela vous demandera de sortir de votre zone de confort. Mais, en vous retrouvant en terre inconnue, vous apprendrez et vous grandirez. Si cela ne fonctionne pas, ce n’est pas grave parce que vous pouvez toujours prendre un autre chemin, faire quelque chose d’autre et provoquer ainsi des opportunités futures. Vous ne devez pas prendre les choses trop sérieusement. Vous devez prendre du recul, car la vie est un voyage parfois difficile. Quand ça va mal, ça ne peut que s’améliorer. Quand ça va bien, profitez des bons moments. Ayez la foi, vous verrez, tout ira bien. » 

 

Forte de ses diverses expériences de vie, que ce soit dans le domaine professionnel ou personnel, Jo Salter a voulu transmettre ses apprentissages : « J’ai décidé d’écrire un deuxième livre pour aider les femmes à utiliser leur énergie personnelle pour réussir. Il s’intitule “Energize”. J’aimerais qu’elles se rendent compte que l’ambition ne doit pas être vue de manière négative. Nous avons toutes un pouvoir féminin, mais souvent, nous n’osons pas l’utiliser. Pour beaucoup, une femme ambitieuse est considérée comme agressive. Or, il ne faut pas confondre ambition et agressivité ou gentillesse et faiblesse. Si vous êtes honnête et intègre, octroyez-vous le droit de laisser parler les gens sur votre ambition. J’ai rencontré énormément de personnes qui me disaient qu’ils désiraient devenir pilotes. Je leur demandais “qu’est-ce qui se passe quand tu postules ?” La grande majorité me répondait qu’ils n’avaient pas essayé à cause de la peur. Vous savez, lorsque Thomas Edison a découvert l’électricité, il ne considérait pas ses essais comme des échecs, mais plutôt comme un pas de plus vers la réussite. Ceux qui parleront de vos “défaites” seront bien souvent ceux qui ont abandonné avant même de “postuler”. Après avoir fait de son deuxième livre une référence en matière de motivation,  Jo Salter prépare  un ouvrage de mantras qui sera destiné aux femmes intelligentes et ambitieuses.

Mieux la connaître…

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© Minneboo FotografieNicole Minneboo

Sa citation préférée ? “Tremblez, mais osez !”, c’est le titre du livre de Susan Jeffers que sa maman lui a offert lorsqu’elle avait 22 ans. Depuis lors, cette phrase s’est imprégnée en elle. Pour Jo Slater, la peur est un sentiment humain inévitable lorsque nous expérimentons quelque chose de nouveau, car la crainte d’échouer, de réussir et du “qu’en-dira-t-on” est bien présente. Mais, l’erreur est de se focaliser sur ce sentiment plutôt que de l’utiliser en sa faveur pour se dépasser.

Ses super-pouvoirs ? Sa première force réside dans le fait de comprendre rapidement les gens et leurs motivations. Cela lui permet de répondre facilement à leurs attentes. La deuxième, c’est d’avoir un excellent entourage qui l’aide à s’élever et non pas à s’écraser. La troisième est sa force stratégique qui lui permet de penser à long terme.

Ses conseils lecture ? Il existe une multitude de manières pour découvrir ce en quoi vous êtes douée et certains livres peuvent vous y aider. Par exemple, “De quelle couleur est votre parachute” de Richard Nelson Bolles. C’est un Best-Seller qui a aidé plus de 7 millions de personnes à se réorienter ou à trouver un emploi. Vous savez, il y a toujours des emplois disponibles. La seule difficulté est de savoir vers quoi vous désirez vous orienter, car tant que vous n’en êtes pas certaine, les autres le ressentent et vous risquez de vous retrouver face à des portes closes. Ce livre vous aidera à choisir le travail de vos rêves et non pas celui de vos peurs. Lisez aussi “Trouver la force d’oser” de Daniel Grosjean. Tous ces livres vous aideront à suivre votre intuition et à découvrir ce pour quoi vous êtes née.

Ce que le temps lui a appris ? Soyez bienveillante avec vous-même ! Dès lors que vous êtes mère et que vous travaillez, vous avez toujours l’impression de vous dépêcher et de ne jamais être assez bonne dans tout ce que vous faites. Avec le temps, j’ai compris que tout ne devait pas être parfait. Au fond, si vous aimez votre maison, est-ce vraiment important qu’elle soit constamment rangée ? Personnellement, je suis une personne organisée, mais par moment, mon intérieur est apocalyptique et je m’en accommode très bien.

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Cet article vous a plu ? Ne manquez pas la rencontre avec notre Femme de la Semaine prochaine ou découvrez notre rencontre de la semaine dernière, avec Colette Piat, ici !


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