aidant proche

Enfin un statut et des congés payés pour l’aidant proche !

La voilà d’application : la loi relative à la reconnaissance des aidants proches ! Qu’est-ce qui a changé ? Quels bénéfices ? On vous dit tout.

Reading Time: 4 minutes

Pour les quelque 800.000 aidants proches actifs en Belgique, l’attente s’est terminée le 1er septembre dernier, après plus d’un an de retard pour l’application de la loi. Tous attendaient la possibilité de bénéficier de davantage de droits et d’une reconnaissance d’un statut. Une étape de plus dans ce combat pour une meilleure reconnaissance d’une tâche épuisante pour qui doit combiner une vie professionnelle et cette vie d’aidant proche, souvent décrite comme une double peine. Une thématique à l’origine de sites pratiques bien utiles à consulter pour mieux s’informer et trouver de l’aide. Comme le site https://www.aidants-proches.be/ pour la Wallonie et Bruxelles ou, pour la Flandre, https://www.ma-zo.be/

L’aidant proche, qui est-il (elle) ?

Cette lutte pour de meilleurs droits, et qui demandaient à être étendus, c’est souvent celle des quinquagénaires. Parfois qualifiés de génération sandwich. Ceux qui ont souvent un parent à charge, en plus des enfants. L’allongement de la durée de vie et parfois l’impossibilité de financer une place dans une maison de repos obligent bien souvent à garder un proche à domicile. Et force est de constater que la femme est souvent la plus touchée par cette situation d’aidant proche. Comme le précise d’ailleurs Céline Feuillat, porte-parole de l’asbl Aidants Proches : « Même s’il est difficile de généraliser et de dresser un profil type, l’aidant proche est généralement une femme. Qui a un travail, mariée avec des enfants à charge. Une femme qui a souvent mis sa carrière en mode pause ou réduite pour s’occuper d’un proche dans le besoin ».

Une reconnaissance sous conditions

Précisons d’emblée que la reconnaissance, enfin obtenue, est valable pour les régions wallonne, flamande et celle de Bruxelles Capitale. Pour l’aidant proche, certaines conditions se doivent d’être remplies. Ainsi, il doit résider en Belgique, de façon permanente, et y être domicilié de façon effective. Comme le dit la loi, « l’aidant proche doit avoir développé une relation de confiance et de proximité, affective et géographique avec la personne aidée. » Ici aussi, une précision s’impose, la personne aidée ne doit pas forcément être un membre de la famille. L’aidant proche s’engage à fournir un soutien et une aide réguliers à une personne vulnérable, en situation de dépendance. Le tout gratuitement.

Comment la réclamer ?

Concrètement, la demande de reconnaissance se fait par le biais d’un document à remettre à votre mutuelle. Une déclaration faite sur l’honneur qui fait état de votre situation d’assistance à une personne dépendante. Pour vous aider, chaque mutuelle dispose de formulaires qui peuvent faire office d’exemple à suivre. Une déclaration sera remplie par personne aidée. Si elle est acceptée, la reconnaissance est valable durant un an. Et renouvelable. Une avancée applaudie par l’asbl Aidants proches, « cette reconnaissance va nous servir de levier pour obtenir du nouveau gouvernement d’autres avancées sociales importantes, et notamment en ce qui concerne la pension » explique ainsi Céline Feuillat, sa porte-parole.

Et quid des congés thématiques ?

C’est ici que les choses se compliquent. S’agissant de la demande de congés, le parcours du combattant débute pour l’aidant proche. Avec plus de conditions contraignantes que la reconnaissance. Pour bénéficier de ces congés, l’aidant proche, qui peut être un membre de la famille ou un ami, doit d’abord justifier de plus de 50 heures d’assistance par mois, ou 600 heures/an. Ce qui ne devrait pas poser de problème, puisque la moyenne de 80 heures par mois est souvent constatée par les différentes études consacrées au sujet. Pour la petite parenthèse, ce congé thématique peut s’ajouter à d’autres déjà prévus.
Un congé destiné aux salariés du secteur privé ou public. Et qui représente un droit, comme le souligne l’Onem sur sa page thématique.

Un congé thématique qui sera étendu à l’avenir, notamment en ce qui concerne les indépendants. Qui pourront eux aussi bénéficier de la possibilité de prendre un congé indemnisé. Pour obtenir tous les détails de la procédure administrative, rendez-vous sur https://www.onem.be/fr/documentation/feuille-info/t164 et son équivalent en néerlandais https://www.ma-zo.be/mazopedia/houding-tegenover-combinatie-werken-en-mantelzorg/

La durée de suspension complète d’activité ne peut dépasser 6 mois sur la carrière, contre 12 si vous travaillez à temps partiel. Et quels sont les montants prévus pour les indemnisations ? Le salarié qui travaille à temps plein obtiendra 851,59 euros bruts, soit 765,33 euros nets. Si vous êtes une personne isolée, le montant sera de 1400,01 euros bruts, ou 1258,19 euros. Pour un salarié qui travaille à temps partiel, le montant alloué dépendra de plusieurs facteurs, comme son âge ou sa situation familiale.

Un rôle d’aidant proche loin d’être évident

Derrière les textes législatifs et le volet administratif, parfois abscons, se cache une réalité méconnue. Qui a rarement sa place dans les médias. Celles des femmes et des hommes qui se battent dans l’ombre pour le bien-être d’un proche. Comme Anne D., 54 ans, contactée sur les réseaux sociaux. Une femme active, qui témoigne de cette fatigue qui s’ajoute à son quotidien familial et professionnel. « Ces avancées constituent pour moi à la fois un signe de reconnaissance de mon temps passé à m’occuper de mon papa âgé (80 ans) et une occasion de m’octroyer un peu de répit avec ces congés. Combiner profession et rôle d’aidant proche est loin d’être évident. Avec les taches à réaliser, la paperasse… Sans compter les conséquences de la crise sanitaire. J’ai dû compenser certaines prestations réduites ou annulées. Mais cet épuisement, je n’en tiens pas compte. Le bien-être de mon père prime sur tout. »

Un témoignage qui justifie pleinement le travail entrepris par les acteurs du dossier, tant francophones que néerlandophones pour donner l’accès à plus de droits aux aidants proches.


© Fiftyandme 2024