placer ses économies

Où placer ses économies ?

En cette période d’incertitudes financières, l’investisseur lambda s’interroge. Vers quels placements se diriger ? Petit tour d’horizon et tentatives de réponse avec l’économiste Etienne de Callataÿ.

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La question revient à un rythme régulier : dans quoi placer ses économies ? Avant d’effectuer des choix qui peuvent s’avérer risqués ou trop prudents, il convient de se poser et de réfléchir. De combien disposez-vous pour un placement ? Quelle est la part que vous pouvez perdre ? Combien de temps pouvez-vous immobiliser le montant investi ? Vos choix seront également dictés par votre profil d’investisseur et votre (dé)goût pour le risque. Bien investir, c’est cerner sa tolérance aux risques et se diversifier.

Comment voyez-vous les mois à venir pour les investisseurs ?

Parmi les leçons de 2018 figure le rappel à la modestie en matière de prévisions, et plus encore pour les économistes. En effet, l’année passée a été une mauvaise année pour la grande majorité des investisseurs, que ce soit en actions ou en obligations, et cela alors que l’économie, si elle a décéléré, ne justifie pas une telle performance, pas plus que l’évolution des taux d’intérêt.

C’est donc du côté de la perception des risques qu’il faut trouver l’explication. Or, il est difficile de cerner comment la perception des risques va évoluer. On entend souvent dire qu’il y a plus de danger maintenant mais c’est surtout la conscience des dangers qui est plus aiguë. Le monde a toujours été un endroit risqué !

Comment expliquer le réflexe des Belges de laisser des capitaux sur les livrets dont on sait qu’ils font perdre de l’argent, par le simple fait de l’inflation ?

Une inflation de 2 % sur un livret qui rapporte du 0,1 % équivaut à une taxe de 1,9 % en termes de pouvoir d’achat, ce qui est une très forte pénalisation de l’épargne prudente… Si un montant aussi élevé est conservé sur les livrets, cela peut être dû au fait que, plus encore que la rémunération des livrets, c’est du côté de la rémunération dérisoire des obligations de qualité que se trouve la plus grande anomalie.

Pour l’investisseur à qui il ne sied pas de prendre des risques, il est préférable de laisser une grande partie de son patrimoine financier en carnets. Rappelons qu’en cas de remontée des taux d’intérêt, l’investisseur en obligations vient à subir une moins-value. Une autre explication est à chercher du côté de la frilosité des investisseurs.

Pourquoi cette frilosité des investisseurs vis-à-vis d’un retour en Bourse ?

Le monde de l’investissement en actions continue de faire peur à bon nombre d’investisseurs dont le matelas de sécurité et l’horizon temporel permettraient pourtant qu’ils investissent en partie en actions. Bien sûr, et on l’a encore vu en 2018, les Bourses peuvent baisser, mais dans la durée elles ont offert un rendement nettement plus intéressant et il n’y a pas de raison structurelle pour penser que ce ne sera plus le cas à l’avenir !

Quels seraient vos conseils pour un investisseur moyen qui ne souhaite pas prendre (trop) de risques ?

Le premier conseil, après avoir bien cerné sa tolérance au risque, et donc en fonction de celle-ci, est d’investir de manière extrêmement diversifiée. 2018 l’a rappelé, avec une baisse des Bourses européennes bien supérieure à la moyenne mondiale, dont la baisse a été atténuée par les performances américaines et japonaises.

Le deuxième conseil est de privilégier l’investissement responsable, qui donne du sens à l’investissement, sans nuire à la performance ajustée pour le risque. 2018 l’a aussi rappelé, avec une baisse de la Bourse européenne de 10 % pour un indice global mais de 7 % « seulement » pour un indice ne retenant que les entreprises les plus responsables de leur secteur.

Le troisième conseil est de comparer les offres des gestionnaires. Ils ne se valent pas tous, ni en performances, ni en frais, ni encore en termes de transparence ou de sens de l’éthique professionnelle. Et ici aussi 2018 l’a rappelé, avec une hétérogénéité marquée entre gestionnaires.


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