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Quelles alternatives choisir pour protéger votre argent face à l’inflation ?

Avec une inflation qui ne cesse d’éroder votre pouvoir d’achat et votre épargne, l’attentisme n’est pas une option à envisager. Laisser votre patrimoine sur un compte vous fera perdre de l’argent. Comment en limiter la perte ? Par des placements alternatifs ? Oui mais non sans précautions à prendre. Explications.

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Sale temps pour cette épargne composée au fil du temps. Qu’en faire à la cinquantaine, pour éviter de la voir s’effriter lentement mais sûrement par l’inflation ? Ce bas de laine, il convient de le protéger du mieux possible pour limiter les dégâts. Tout en gardant à l’esprit qu’une solution miracle n’existe pas, pas plus que des choix dépourvus de risques. Les options dépendront de votre situation personnelle, de votre goût du risque et de vos besoins rapides en liquidité.

L’inflation, un ennemi sournois

L’inflation, on en parle partout dans les médias, mais de quoi s’agit-il précisément ? Sur les marchés financiers, il est normal que les prix de certains biens et services fluctuent à la hausse et/ou à la baisse. Mais quand la hausse des prix est globale, il est question d’inflation. Cette situation correspond alors à une baisse de pouvoir d’achat. Avec une même somme d’argent, le consommateur peut acheter moins de produits qu’auparavant. Pour évoluer le problème, il suffit de rappeler que l’épargne ne rapporte qu’un rendement d’à peine 0,11% face à la flambée de l’inflation, qui a atteint 8,31% en mars dernier. Une situation qui ne risque pas de s’améliorer à court ni à moyen terme. Pour cette année, et sur la base de prévisions mensuelles, le taux d’inflation devrait atteindre les 7,3% pour 2022, et 2,9% pour l’an prochain. Des prévisions à comparer avec les taux de 2,44% et 0,74% respectivement enregistrés pour 2021 et 2020. Si vous souhaitez calculer la valeur de votre capital soumis à l’inflation, le site wikifin.be propose une calculatrice spécialement conçue pour cet effet : https://www.wikifin.be/fr/calculateur-dinflation. Le calcul est simple pour calculer la dépréciation de votre argent : le taux d’inflation moins les 0,11% d’intérêt sur le compte d’épargne.
Dans la situation actuelle, les grands perdants sont les consommateurs et les épargnants. Raison de plus pour ne plus laisser les quelque 300 milliards d’euros dormir sur les comptes d’épargne des Belges.

Que faire avec son compte d’épargne ?

Avant de penser investissement, il est préférable de prendre le temps de la réflexion. Quel est le solde du compte d’épargne ? Avant toute décision, il est impératif d’y laisser le budget nécessaire pour faire face aux imprévus de la vie. Les spécialistes en placement conseillent de garder une poire pour la soif équivalente à 3 mois de salaire. Misons sur 6 pour plus de sécurité. Si votre solde est inférieur, ne touchez à rien. Même constat si vous comptez investir prochainement dans un nouveau véhicule, dans des travaux ou verser une somme à vos petits-enfants prêts à prendre leur envol. Par contre, si votre matelas financier se révèle conséquent et que vous avez déjà mis de côté une réserve, il reste conseillé de ne pas le laisser dormir. Avec le risque d’une perte de valeur provoquée par l’inflation.

La brique, un bon plan sous conditions

Quand il s’agit d’investir, l’immobilier arrive généralement en tête des choix les plus prisés par les investisseurs. En période d’inflation, l’investissement dans l’immobilier reste la bonne idée si vous avez une somme conséquente à placer. Et que vous acceptez le prix d’entrée élevé. Un choix populaire renforcé par les taux d’intérêt bas. Jusqu’à quand, nul économiste n’a encore la réponse précise. L’achat d’un bien immobilier fait face aujourd’hui à un sérieux revers à prendre en compte. La demande n’a jamais été aussi forte, et plus encore depuis les récents confinements. Les citadins migrent de plus en plus vers les régions pour disposer d’un bien avec jardin. Et qui dit demande en hausse dit aussi prix en forte augmentation. Sans oublier des conditions plus draconiennes pour l’obtention d’un prêt. Pour une maison quatre façades, le prix médian (toutes régions confondues) est de 380.000 euros (chiffres statbel, 3e trimestre 2021). Où acheter pour trouver les prix les plus raisonnables ? Pour les prix les moins chers, la Région Wallonne arrive en tête avec une maison 4 façades vendue au prix médian de 280.000 euros. En Région flamande, le prix médian d’une maison 4 façades avoisine les 380.000 euros et à Bruxelles, la région la plus chère, il faut compter sur un budget médian de 480.000 euros pour une maison de type fermé ou semi-fermé. Quant aux appartements, il faut prévoir un budget médian belge de 225.000 euros, en hausse de quelque 8%.
« Un secteur immobilier tendu qui ne montre pas de signe de ralentissement des prix pour l’avenir, au grand dam des jeunes couples qui risquent de ne plus pouvoir acquérir de biens dans des prix raisonnables. Pour les parents qui ont de l’argent à placer, un coup de main financier donné aux enfants ne peut donc qu’avoir un double avantage : contrer l’inflation et aider la descendance à s’installer » explique Jean Carrot, spécialiste de l’immobilier.
Un marché de l’immobilier placé sous la loupe des experts comme de la Banque nationale. Pour l’importance croissante de l’impact des prêts immobiliers sur le budget des ménages, avec un emprunt qui représente aujourd’hui une moyenne de 41% du revenu d’un ménage contre 30 % il y a un peu plus de 10 ans, comme le rappelle l’étude de février 2022 du groupe NN spécialiste des assurances et de la gestion d’actifs.
Vous voulez acheter pour louer ? « Là, je dis attention, méfiance. Vous risquez de vous engager dans une voie périlleuse et pas forcément aussi lucrative que vous l’espérez, estime Jean Carrot. Avant d’acheter un bien et espérer en tirer un revenu locatif, il est prudent de bien s’informer sur le quartier et de prendre en compte les frais de rénovation éventuels, les charges de l’immeuble, l’aspect financier comme les assurances, les impôts à la source. Autant de facteurs qui feront baisser le rendement locatif. Qui tourne autour des 2 à 3%. » Autre écueil à prendre en compte, et non des moindres : le vide locatif. Si votre bien met du temps à trouver preneur ou si vos locataires ont la bougeotte, vous allez perdre de l’argent puisque vos charges continuent à tomber.
Faut-il patienter avant d’acheter et espérer une correction des prix ? Une question à laquelle a répondu très clairement l’étude Vision Immo réalisée par Belfius en début d’année 2022 : « les prix continueront à progresser durant cette année ainsi qu’en 2023. » Le résultat de l’activité des investisseurs, persuadés que l’immobilier reste la valeur refuge idéale pour faire face à l’inflation. Un dernier conseil ? « Si vous investissez une part de votre épargne dans l’immobilier, assurez-vous que vous n’aurez pas besoin de cet argent à court terme. On ne vend pas un appartement ou une maison en quelques jours. Et d’autant plus si le quartier a perdu de la valeur ou s’il y a une abondance de biens à vendre dans le coin. » rappelle Jean Carrot.
Quant à miser sur l’immobilier, il reste une option qui vous débarrasse des soucis traditionnels des propriétaires : investir dans une société immobilière cotée en Bourse. Ce que l’on nomme les SIR (ou Sociétés Immobilières Réglementées). Avec ce type de placement, vous pouvez bénéficier d’un dividende et voir vos actions progresser dans le meilleur des cas. Un placement porteur mais pas sans risques. Surtout si vous misez sur le mauvais cheval. Il existe des SIR spécialisées dans les logements pour étudiants, comme Xior, ou pour des résidences pour les seniors, comme Aedifica, cotée à Bruxelles et qui investit plus de 80% de son portefeuille dans l’immobilier de santé.
« Avant d’acheter dans une société, informez-vous toujours sur le site de la société et épluchez son bilan annuel avec un spécialiste. Et gardez à l’esprit que ces actions suivent le mouvement boursier. En cas de choc boursier, vous risquez d’encaisser des turbulences » conclut Jean Carrot.

La Bourse, toujours indispensable

Pour faire face à l’inflation et endiguer l’érosion de votre épargne, la Bourse reste une bonne option avec des actions qui résistent particulièrement bien à l’inflation et dont les dividendes peuvent apporter un joli rendement. Mais si la Bourse a connu une nette baisse en début de pandémie, elle a retrouvé depuis une bonne santé. Avec des actions aux prix élevés. Un inconvénient qui s’accompagne aussi d’un risque non négligeable de baisse avec des marchés boursiers très sensibles aux tensions. Avant d’acheter, il est donc préférable de vous informer sur les actions visées. Leur passé, la politique de dividende, les projets d’investissements. D’éplucher les bilans disponibles en lignes. Notamment sur le site de la Banque Nationale consacré à la centrale des bilans. Il convient aussi de diversifier vos achats. Pour mieux répartir vos investissements, il existe aussi le choix des sociétés holding. Des sociétés qui disposent d’un portefeuille d’actions d’autres sociétés. Ce choix vous permet de bénéficier de l’expérience des holding en matière d’investissement. Un investissement conseillé sur une période relativement longue pour en espérer récolter les bénéfices. Comptez au moins 5 ans. Parmi les holdings les plus connus en Belgique figurent GBL, Solvac ou la Sofina.
Avant d’investir en Bourse, il reste toujours conseillé de se poser la question de savoir quel est le niveau de pertes que vous pouvez encaisser sans mettre en péril votre équilibre financier. Et de ne pas oublier non plus l’adage financier, jamais démenti par les faits : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ». Enfin, il convient de rappeler, ici aussi, que l’argent investi ne peut être qu’une part de votre patrimoine qui ne sera pas utile dans un avenir proche. Car vendre vos actions en urgence vous fera toujours perdre de l’argent.

Il est l’or d’investir

Un métal précieux qui a traversé les crises depuis des siècles pour devenir la valeur refuge par excellence. L’or constitue encore et toujours un placement très recherché par les investisseurs à la recherche d’une solution pour sécuriser au mieux leur épargne. Comme le disait le poète portugais Luis Vaz de Camoes, « il n’est pas de difficulté que l’or ne surmonte. » Et plus encore actuellement où l’or risque bien de jouer son rôle de rempart anti inflation. Avantage d’un placement en or, il résistera au mieux aux possibles krachs financiers qui pourraient survenir et mettre en péril d’autres placements comme les actions et obligations.
Le choix est vôtre d’acheter de l’or-papier ou de l’or physique. Lequel choisir ? Sans entrer dans des explications techniques complexes, l’achat d’or physique répond à un besoin d’épargne de sécurité, de précaution à long terme. Il s’agit d’ailleurs du choix préféré des investisseurs. Qui estiment qu’il sera toujours facile de revendre les lingots (ou lingotins, plus petits) et les pièces en cas de besoin. L’or-papier, quant à lui, est destiné aux investisseurs qui recherchent un rendement à court ou moyen terme.
Si l’or vous intéresse et que vous n’êtes pas frileux face au risque, il reste possible d’investir dans les actions des mines d’or. Comme Barrick Gold Corp, Newmont Mining. Mais gare aux risques de change pour un rendement peu élevé. Le placement est très risqué.
Acheter de l’or d’accord, mais en acceptant d’en payer le prix fort. Soit plus de 57000 euros le lingot d’un kilo vendu en avril dernier. Des prix élevés, conséquence de la peur générale face à une éventuelle perte de contrôle de la poussée inflationniste. Dénoncée par plus d’un économiste dans les médias. Nous ne sommes pas dans une période idéale pour investir dans l’or mais sa présence rassure et investir une petite part de votre patrimoine peut être une bonne idée.

Miser sur les cryptomonnaies ?

Un véritable miroir aux alouettes. Séduits par certains rendements vantés dans les médias ou les réseaux sociaux, beaucoup d’investisseurs réfléchissent à investir tout ou partie de leur épargne dans les cryptomonnaies. Mais attention, ces cryptomonnaies ne constituent nullement un placement sûr ou même garanti. Sans pousser loin la caricature, miser sur ces marchés, pour un néophyte, revient à placer tous ses jetons sur le rouge à la roulette. Avant de se lancer dans ce type de placement très risqué, il vous faut répondre à une question : accepterez-vous de perdre cet argent que vous tentez de sauver du risque inflationniste ? Il faut garder en tête que la valeur des cryptomonnaies ne repose sur rien de concret. Ce placement n’est donc pas le plus recommandé pour faire face à l’inflation. Une alternative qui ne sera jamais conseillée par un économiste.

Et à fin ? De la prudence

En cette période d’inflation, loin d’avoir atteint son sommet, que faire avec son argent ? La réponse n’est pas aisée. Face à toutes les possibilités résumées ci-dessus, deux conseils s’imposent. Omniprésents dans les discours des spécialistes : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et se rappeler, surtout, que les conseillers ne sont pas les payeurs. Autrement dit, le dernier mot vous revient ainsi que la responsabilité des placements effectués. N’écoutez pas forcément les conseils trop risqués pour votre patrimoine, fruit de votre labeur. Quant à répondre en quelques mots à la question du titre de l’article, comment protéger votre argent face à l’inflation, la réponse est claire : il n’y a pas de moyens réellement efficaces. En laissant votre argent sur le compte d’épargne, vous perdez de l’argent. En l’investissant dans des placements alternatifs, vous risquez d’en perdre plus, mais aussi d’en gagner, il est vrai. Faire face à l’inflation vous obligera à prendre un certain risque. Que vous pouvez limiter avec une bonne connaissance des produits disponibles et un peu de bon sens et de stratégie.


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