En quête d’une destination à la fois gastronomique et culturelle, située à moins de deux heures d’avion de la Belgique ? Le Périgord, peu connu chez nous, combine ces deux critères et offre en outre des paysages et une nature à couper le souffle.
Par Pierre Benoît Sepulchre
Que cela soit pour un long week-end ou pour une semaine, le Périgord regorge de sites à explorer et de bonnes tables à visiter. Relativement isolée entre Bordeaux, Tulle, Limoges et Toulouse, et du coup préservée des tumultes propres aux grandes villes, cette région est empreinte d’une hospitalité exceptionnelle, doublée d’une qualité du service qui a tendance à se faire rare outre-Quiévrain. Ajoutez à cela une tradition gastronomique séculaire et vous obtenez un lieu de villégiature que l’on quitte à chaque fois avec un petit pincement au cœur.
Non pas un Périgord mais quatre !
Le Périgord est le nom donné à ce qui recouvrait l’actuel département de la Dordogne. Essentiellement rural, celui-ci est marqué par un riche patrimoine culturel, historique et archéologique. Au nord, le Périgord vert dont les couleurs sont associées à celle des forêts de chênes et de châtaigniers ainsi qu’aux innombrables prairies. Au centre, le Périgord blanc dont le nom rappelle la couleur du sol calcaire. Le Périgord noir, au sud-est, est l’appellation la plus ancienne des quatre, le noir désignant ici les sombres et épaisses forêts des environs de Sarlat. Enfin, au sud-ouest, le Périgord pourpre rappelle la couleur des feuilles de vigne à l’automne, Bergerac et ses environs produisant parmi les meilleurs vins de France.
Périgueux la gourmande
Au centre du Périgord blanc, Périgueux. Cette terre, que les Romains ont marquée de leurs empreintes, demeure, encore de nos jours, peu industrialisée. Ville très active sur le plan culturel, Périgueux offre aux visiteurs, et ce tout au long de l’année, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales ainsi qu’un festival du mime en été. Mais la ville rayonne aussi dans toute la région grâce à ses marchés. Fruits et légumes jonchent les étals, mais la capitale gourmande du Périgord est surtout réputée, depuis le Moyen-âge, pour ses produits de bouche : oies et canards gavés au maïs, foie gras, carcasses, magrets, abats ou encore truffes, les amateurs de bonne chère y trouveront tous leur compte. A ce titre, la tradition et l’authenticité sont défendues bec et ongles par les Pétrocoriens et s’illustrent à merveille Place Saint-Louis, au cœur de la vieille ville.
Une fois repu, la visite de la cathédrale Saint-Front s’impose. Flanquée de coupoles d’inspiration byzantine, elle domine et protège huit siècles d’histoire architecturale et humaine. Elle est classée monument historique depuis 1840 et au Patrimoine mondial depuis 1998. Remontant dans ses premiers jours aux IVe et Ve siècles, l’édifice fut d’abord une église, puis une abbaye avant de prendre le titre de cathédrale au XVIe siècle. Restaurée durant la seconde moitié du XIXe siècle, la cathédrale Saint-Front a, comme la basilique Saint-Marc de Venise, son plan en forme de croix grecque et ses cinq coupoles sur pendentifs qui rappellent la structure de l’église des Saints-Apôtres de Constantinople. Un bijou architectural.
Autre curiosité locale : le Musée d’Art et d’Archéologie de Périgueux. Créé en 1835 à l’initiative de deux érudits locaux, il est principalement consacré à l’archéologie et l’ethnographie, sur une surface de quelque 2.000 m2. Il compte aussi une impressionnante section Beaux-Arts, constituée par des dons, des achats mais également d’œuvres en provenance des fonds du Louvre.
Sous et dans la terre
Le site de Lascaux II se trouve à quelques minutes de route de Périgueux. Si la grotte originale est inaccessible au public, afin de préserver les œuvres qu’elle abrite, Lascaux II propose un fac-similé d’une beauté époustouflante. De quoi apprécier, le temps d’une visite guidée, les prouesses artistiques des hommes de la préhistoire, qui tiennent notamment compte du relief des supports sur lesquels ils travaillent pour obtenir les meilleurs effets.
Non loin de là, un autre site vaut le détour : la Maison forte de Reignac. Ce château creusé à même la roche, nettement plus grand que ce que l’on devine de l’extérieur, cache une multitude de salles souterraines et aériennes, rehaussées d’éléments défensifs. Surplombant une rivière et faisant face à un gué, ce lieu a déjà été choisi par les hommes préhistoriques il y a 20.000 ans. Jalousement fermée au public durant le XXe siècle, car exploitée à des fins de recherches scientifiques et archéologiques, la Maison forte de Reignac a été ouverte au public en 2006. Seul « château falaise » de France à être totalement intact, le lieu abrite également une incroyable collection d’instruments de torture.
Sarlat l’authentique
Sarlat est, de loin, le site touristique le plus important de la région. Près d’un million et demi de visiteurs s’y rendent chaque année pour découvrir ce qui est considéré, à raison, comme un joyau médiéval.
C’est autour d’un monastère que Sarlat s’est bâtie. Au Moyen-âge, les ateliers et les échoppes font l’essor de la cité. Aujourd’hui, bien que Sarlat soit essentiellement commerçante, l’industrie agro-alimentaire est également présente, notamment par de nombreux producteurs de foie gras. Pour découvrir ce site exceptionnel, le mieux est de prendre l’ascenseur panoramique qui a été aménagé dans le clocher de l’ancienne église Sainte-Marie. Une idée que l’on doit à Jean Nouvel, un enfant du pays, qui a également repensé la nef de l’édifice, aujourd’hui convertie en marché couvert.
Une promenade dans la ville vous permettra de vous imprégner de l’atmosphère unique qui y règne. La couleur dorée des pierres du Périgord, les somptueux hôtels particuliers ou encore le dédale des rues médiévales ne pourront que vous charmer. Haut lieu du 7e Art, de Jeanne d’Arc à la comédie Les Visiteurs, Sarlat, le secteur sauvegardé le plus vaste d’Europe, demeure le décor idéal et un véritable livre d’histoire à ciel ouvert.