ostéoporose

Ostéoporose : une épidémie très silencieuse !

Les chiffres sont implacables : en Belgique, une femme sur trois et un homme sur cinq de plus de 50 ans souffrent d’ostéoporose et seulement 25 % des personnes sont soignées. Vu l’augmentation de l’espérance de vie, les conséquences de l’ostéoporose ne vont cesser de grimper au cours des prochaines années. Pourtant, aujourd’hui, l’ostéoporose n’est plus une fatalité, une prévention active, un diagnostic et traitement rapides limitent la casse ! Le Professeur Serge Rozenberg, gynécologue, chef de service à l’Hôpital Saint-Pierre répond à nos questions.

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L’ostéoporose est-elle une maladie sexiste ?

L’ostéoporose est une maladie qui se caractérise par une diminution de la masse et de l’architecture osseuse : les os deviennent de plus en plus poreux et se fragilisent. C’est une maladie fréquente qui touche en priorité les femmes ménopausées mais aussi, dans une moindre mesure, les hommes âgés. Les principales conséquences de l’ostéoporose sont la douleur et les fractures osseuses (tassements vertébraux – on devient plus petit -, les fractures du poignet et de la hanche). Les fractures engendrent une perte d’autonomie et une diminution de la qualité de vie. La prévention de la fracture est donc un enjeu majeur !

Quelles sont les femmes les plus exposées au risque d’ostéoporose ?

Il existe de nombreux facteurs de risque qui ne sont pas tous égaux entre eux. Les plus importants sont certainement l’hérédité et l’âge : c’est le capital osseux que l’on a hérité de ses parents et c’est le temps qui passe qui sont les plus déterminants. Bien sûr il faut compter aussi avec ce que l’on a fait de ce capital au fil de la vie : la façon de s’alimenter en produits laitiers, fume-t-on, les règles ont-elles disparu avant la ménopause pour un temps plus ou moins long. Le fait d’avoir dépassé l’âge de la ménopause est aussi une situation à risque : les hormones œstrogènes naturelles secrétées par les ovaires protègent fidèlement l’os jusqu’à cette époque. Les personnes qui ont déjà eu des fractures ou celles qui prennent certains médicaments de façon régulière (cortisone, certains médicaments contre l’acidité gastrique (IPP), certains antiépileptiques, certains antidépresseurs, les traitements hormonaux du cancer du sein ou de la prostate) sont également plus à risque, et donc plus à surveiller.

Quels sont les signes d’alerte de la maladie que chaque femme devrait repérer ?

N’en attendez aucun, il n’y en a pas. L’ostéoporose est une maladie silencieuse. Ainsi ne guettez pas une douleur quelconque ou une sensation particulière. Pendant que vous « perdez de la substance osseuse », vous ne ressentez rien. Un jour, les manifestations de la maladie seront trop tardives pour être empêchées : il s’agira de fractures avec leur cortège de douleurs et de difficultés. Il faut donc se rendre à l’évidence : il est tout à fait possible de perdre d’année en année de sa substance osseuse sans pour autant en être informée. Et c’est bien là le danger perfide de cette maladie qui avance silencieusement.

Comment savoir si une femme ménopausée présente un risque d’ostéoporose ?

Tout simplement en identifiant ces facteurs de risque et en étant suivie régulièrement par son gynécologue dès que la ménopause s’installe, voire plus tôt s’il existe des facteurs de risque. Si votre médecin estime que vous êtes à risque, il vous prescrira un examen d’évaluation de votre capital osseux : la densitométrie osseuse. Cet examen non invasif et non douloureux précise la hauteur de votre capital osseux, il permet à votre médecin de confirmer ou non ses doutes suggérés par vos facteurs de risque. Et selon la valeur de votre test, de vous prescrire un traitement adapté.

Une première fracture entraîne-t-elle un risque de rapide deuxième ?

C’est vrai si aucun traitement n’a été mis en place. Le caractère récent d’une fracture est un facteur de risque majeur de nouvelle fracture à court terme. C’est notamment le cas des personnes ayant eu une fracture vertébrale (improprement appelée tassement vertébral), dont le risque de nouvelle fracture est de 25 % dans l’année qui suit. Le risque de fracture est également majoré dans les 2 à 3 ans qui suivent une fracture non vertébrale.

Peut-on prévenir l’ostéoporose ?

Oui, et trois fois oui ! La pratique régulière d’une activité physique tout au long de la vie, et particulièrement à la ménopause, maintient les os en bonne santé, ralentit la perte osseuse et prévient le risque de chute. Il faut bien évidemment éviter le tabac, limiter la prise de poids et la consommation d’alcool. Côté alimentation, on veillera à une alimentation équilibrée, colorée, et diversifiée. Il est certain qu’une bonne nutrition au cours de l’enfance et de l’adolescence va contribuer à acquérir un pic de masse osseuse maximal et à réduire dès lors la vulnérabilité à l’ostéoporose au cours de la vie.

Mais la phrase « il n’est jamais trop tard » s’applique parfaitement aux os, une alimentation saine est aussi extrêmement importante pour préserver la masse et la résistance osseuse chez les adultes jeunes et les adultes plus âgés, y compris chez ceux qui ont déjà subi une fracture ; une bonne nutrition accélère et favorise la récupération et contribue à prévenir la survenue de nouvelles fractures. Il faut veiller à avoir des apports en calcium et vitamine D suffisants, en mangeant par exemple 3 à 4 portions de produits laitiers chaque jour. La vitamine D est acquise essentiellement par l’exposition au soleil ou en mangeant des poissons gras (sardine, hareng…). Il est recommandé d’arriver à des apports de 1.000 mg de calcium et de 800 U.I de vitamine D3. Si on n’atteint pas ces apports, il serait idéal alors de prendre des suppléments calciques et vitamine D.

Comment traiter l’ostéoporose ?

Il existe de nombreux médicaments dont le but est de diminuer le risque de survenue de fractures et leurs conséquences négatives : douleur, difficulté de mouvement, perte de qualité de vie. Le choix du type de médicament est posé par votre médecin en tenant compte de votre dossier, des effets indésirables possibles des médicaments et en évaluant l’ensemble de la situation (facteurs de risques particuliers, vie quotidienne, etc.). La durée du traitement varie également selon les médicaments : pour certains, elle est limitée à quelques mois, pour d’autres il durera plusieurs années. Mais il est essentiel de suivre strictement le traitement prescrit. Ce qui est très important et incontournable, j’insiste, à la prise d’un traitement médicamenteux contre l’ostéoporose s’ajoute toujours une supplémentation en calcium et vitamine D. Tout comme la maladie, les traitements contre l’ostéoporose sont « silencieux », ils agissent lentement et sans que l’on en ressente directement les effets.

Suis-je à risque d’ostéoporose ?

N’attendez pas la première fracture, pour vous faire dépister.

Prenez 1 minute pour faire le test rapide du risque d’ostéoporose de l’IOF.

Montrez les résultats à votre médecin.

www.bbcbonehealth.org/test-rapide-du-risque-dosteoporose

 


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