Vivre pour satisfaire les autres, jongler avec les obligations, courir sans jamais s’arrêter, pour avoir le sentiment, en fin de journée, de n’avoir rien fait, comme en témoigne une to-do list encore interminable… Ces plaintes-là, la consultante en ménopause Leen Steyaert les reçoit sans cesse de la part des femmes, dont celles dans la cinquantaine. Elles se disent débordées ! Leen Steyaert a écrit un livre en néerlandais sur le sujet, intitulé Stop de rush, dans lequel elle explique qu’il vaut mieux ne pas laisser tout ce stress influencer nos hormones, car cela peut avoir de graves conséquences sur notre santé. Parce que certains problèmes liés à la ménopause peuvent être le résultat d’une surexploitation de notre corps et d’une mise au second plan de nos besoins personnels pendant de longues années.
Il faut dire que Leen sait de quoi elle parle : elle aussi a fait passer les besoins des autres avant les siens pendant une grande partie de sa vie. Il y a une dizaine d’années, quand elle s’est retrouvée en période de préménopause, Leen a réalisé qu’elle avait fait de son corps un instrument destiné à fournir de hautes performances, « alors même que je ne suis pas une sportive de haut niveau et que les deadlines que je dois respecter ne sont jamais une question de vie ou de mort », explique-t-elle.
Ce qui a probablement commencé par un agréable sentiment de satisfaction (« Waouh, regardez, j’arrive à tenir ma maison, à élever mes enfants, à faire carrière et à m’intéresser à plein de choses, tout en gardant la ligne ! ») s’est mué en une course effrénée à l’accomplissement. Du haut de ses 61 ans et forte de son expérience de consultante en ménopause, de thérapeute orthomoléculaire et de spécialiste des tissus du sein, Leen entend faire comprendre à toutes les femmes, en particulier celles qui avancent en âge, qu’il est important de faire des pauses de temps en temps et de prendre quelques habitudes qui permettront d’éviter de sérieux problèmes de santé.
Des taux d’adrénaline et de cortisol trop élevés font monter le stress
Leen, dans votre livre, vous abordez l’impact de toutes ces préoccupations quotidiennes sur les hormones et la santé en général. Pouvez-vous nous expliquer plus précisément en quoi consiste cet impact et de quels soucis de santé vous parlez ?
Les hormones sont des substances qui font fonctionner le corps, en transmettant des messages aux organes et tissus. Des taux d’adrénaline et de cortisol trop élevés font monter le stress, un phénomène qui peut être mauvais pour le corps et générer de la nervosité, de la fatigue et des maladies cardiaques s’il se produit trop régulièrement. Une perturbation des taux d’œstrogène et de progestérone dans le cycle hormonal de la femme peut entraîner des règles douloureuses et irrégulières, des problèmes de fertilité et la formation de kystes. Le cortisol impacte aussi le taux d’insuline, qui à son tour a un effet sur la glycémie, le métabolisme et le niveau d’énergie. Vous l’aurez compris : tout est lié. S’il y a un grain de sable dans le mécanisme, c’est la santé dans son ensemble qui peut s’en ressentir. Mais à l’inverse, on peut aussi faire beaucoup de bien à notre corps en veillant à ce qu’il fonctionne correctement.
Vous parlez de prendre de bonnes habitudes pour diminuer ce sentiment d’urgence que nous ressentons toutes. Pouvez-vous nous citer quelques exemples d’habitudes à prendre et nous expliquer en quoi elles sont efficaces ?
Il s’agit d’habitudes liées au mode de vie. Une bonne alimentation par exemple, car on sait que l’alimentation a une grande influence sur la santé en général. Je vous conseille d’adopter une règle 80/20 en ce qui concerne votre alimentation, qui implique de consommer des aliments sains pendant 80 % du temps. Donc beaucoup de légumes, de la viande, du poisson, des fruits et de bonnes graisses. Évitez l’alcool et les sucres ajoutés, et essayez de réduire votre consommation de café. Et bien sûr, veillez à bouger suffisamment. Si vous avez déjà l’impression de vivre dans l’urgence, ne vous forcez pas à pratiquer un sport lourd. Allez marcher, faites du vélo, du tai-chi ou du renforcement musculaire, nagez, mettez-vous au pilates ou, tout simplement, passez du temps dans la nature. Je ne peux que vous conseiller de faire également des exercices de gestion du stress. Sous l’effet du stress, le corps se replie littéralement sur lui-même. On se crispe, on courbe le dos et on contracte les muscles. À cause du stress, le corps est toujours en position de défense. N’oubliez donc jamais de respirer ! Il existe des exercices qui vous y aideront. Enfin, travaillez aussi à résoudre vos problèmes émotionnels et demandez de l’aide si vous en ressentez le besoin.
Dans votre livre, vous parlez de plantes et d’hormones bio-identiques capables de combler des carences. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Les hormones bio-identiques sont des hormones dont la structure biochimique est la même que celle des hormones présentes dans notre corps. Ces hormones bio-identiques sont fabriquées au départ d’igname sauvage. Elles peuvent être prises par les femmes dans la phase de la préménopause, mais aussi toute la vie. Les femmes qui souffrent de diabète et de problèmes à la thyroïde prennent bien des hormones toute leur vie, n’est-ce pas ? On avale pendant 3 décennies une pilule qui nous empêche de tomber enceintes, et quand notre taux d’hormones se met à chuter pendant la ménopause, on nous refuse la possibilité de nous complémenter en hormones ou on nous dit que ce peut être mauvais pour nous. C’est le monde à l’envers, vous ne trouvez pas ? Il a été établi que les hormones bio-identiques éliminent non seulement les symptômes de la ménopause, mais diminuent également l’ostéoporose et les risques de maladies cardiovasculaires. Et de nombreuses recherches récentes ont aussi révélé que ces hormones pouvaient aider à prévenir la démence. Nous vivons de plus en plus âgées, ce qui rend les hormones d’autant plus nécessaires. Les femmes de 85 ans n’ont parfois plus pris d’œstrogène depuis près de 35 ans. Les femmes dont les symptômes sont légers ou qui n’en sont encore qu’au début de leur ménopause peuvent aussi se tourner vers des plantes et autres compléments. Cette supplémentation peut également être mise en place pour contrer le stress, en cas de problèmes de glycémie, pour soulager le SPM et pour combler des carences générales.
Bloquez du temps dans votre agenda pour prendre soin de vous
Les femmes ont souvent énormément de choses à penser et certaines ne parviennent pas à se convaincre de lever le pied. Que leur conseillez-vous ?
Commencez par changer de petites choses dans votre quotidien et bloquez du temps dans votre agenda pour prendre soin de vous. Prenez de nouvelles habitudes alimentaires, faites des exercices de respiration et répétez-vous que la vie ne devrait pas impliquer de courir sans cesse. Passez du temps dans la nature. Et n’hésitez pas à faire des pauses ! Prenez par exemple un jour de congé et remplissez la journée d’activités qui vous font du bien. Allez dormir à une heure raisonnable, prenez un long bain relaxant ou préparez-vous un délicieux repas. En ce qui concerne vos tâches quotidiennes, couchez-les sur papier. Vous verrez que ce sera déjà beaucoup plus facile à gérer que de garder toutes ces informations dans votre tête. Ne remplissez pas trop la journée et osez dire non à ce qui ne vous tente pas. Si vous changez d’avis par la suite, vous pourrez toujours dire oui (c’est plus facile dans ce sens-là que dans l’autre). Vos hormones vous en remercieront !
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