Emotions parfumées

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Des parfums paysages

Marc-Antoine Corticchiato a grandi entre les champs d’agrumes marocains de ses parents et le maquis corse, dans la maison familiale. Depuis 2002, il a créé sa ligne exigeante et créative, Parfum d’Empire2, où il esquisse des fragrances paysages, explore ses émotions via des jus plus abstraits (le récent Cri de la Lumière sur l’idée de renouveau) ou œuvre à créer une alchimie autour d’une matière (Tabac Tabou, dernièrement), qui reste l’alpha et l’oméga d’un parfum pour ce docteur en chimie des plantes.

Après Corsica Furiosa (aquarelle vive et irrésistible du maquis corse), il dépeint dans Acqua di Scandola un autre lieu de cœur de l’Île de Beauté, une réserve naturelle entre roches ocre et eaux turquoise. « Marc-Antoine connaît très bien cet endroit, il y retourne tous les étés et y a des amis pêcheurs. La rencontre entre les différents éléments naturels forts le fascine », raconte son assistant et bras droit, Alexis Toublanc. « Il a toujours voulu travailler sur une note marine mais sans tomber dans les clichés et sans utiliser de molécules artificielles, en jouant vraiment sur la naturalité, avec différents extraits d’algues qu’il a développés lui-même ».

Résultat ? « Un parfum très iodé avec un départ aromatique grâce au genévrier et des notes minérales qui font référence aux rochers ». Sans oublier une transparence limpide et lumineuse, grâce à un extrait de magnolia en trace qui apporte de la radiance avec originalité.

Franco-Belge, Dimitri Weber travaille depuis toujours dans le monde de la parfumerie. Depuis cinq ans, il s’est installé en Australie par amour, où il a lancé fin 2016 une marque de fragrances, Goldfield & Banks3. « Le métier des parfums a toujours été très français, or beaucoup d’ingrédients viennent d’autres pays, dit-il. J’ai découvert qu’il y a énormément de matières premières en Australie, certaines connues comme le mimosa, l’eucalyptus, la lavande, d’autres inconnues du grand public ».

Dans sa Native Collection, il met donc en majesté ces ingrédients australiens qui font rêver en association avec des accords souvent boisés. Dernier né, Southern Bloom s’articule autour de la fleur de boronia, présente sur l’île Bruny en Tasmanie. « Pourpre et jaune à l’intérieur, elle fleurit trois semaines en septembre et nous la distillons en octobre. Vu sa rareté, par kilo d’absolu, nous payons 10.000 $. C’est la matière la plus chère au monde. Elle sent le thé, avec un côté floral, citronné, boisé et la notion de terroir, de terre.

Dans Southern Bloom, un floriental, nous l’avons associée avec de la noix de coco, du jasmin, du santal australien, de l’ylang-ylang, pour en faire une fragrance exotique sur fond de vétiver. Nous travaillons avec un parfumeur grassois établi à Melbourne. »

En très peu de temps, cette marque originale a conquis les Etats-Unis (elle est vendue chez Barneys à New York) avec Pacific Rock Moss, madeleine australienne qui sent la mer, le sable, les arômes, la fraîcheur, les vagues. « Léger au début, il s’intensifie au fur et à mesure que la peau s’échauffe et développe une senteur boisée, salée, aquatique ». Quant à Desert Rosewood, il est devenu le jus fétiche de l’actrice australienne Nicole Kidman, à base de buddha wood oil, de vanille et d’ambre. Un parfum d’évasion.


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