Rencontre avec Isabella Rossellini

Egérie de la Maison Lancôme dans les années 1980, l’actrice la rejoint aujourd’hui en tant que muse pour porter l’image de la marque comme une certaine vision de la féminité en perpétuelle réinvention et engagée dans son époque. Rencontre avec Isabella Rossellini, une femme d’ex­cep­tion, joyeuse, curieuse, aimant folle­ment la vie…

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Lorsque Lancôme vous a contacté, en 2016, pour devenir Ambassadrice de la maison, avez-vous été surprise?

Mais oui! Énormément! Notre collaboration s’était interrompue il y a vingt ans. La tendance était alors de considérer qu’au-delà de la quarantaine une femme ne pouvait plus faire rêver… Alors, lorsque Françoise Lehmann, la Directrice Générale de Lancôme m’a appelée, ma première réaction a été de lui dire que je n’avais pas rajeuni! Au contraire, j’ai rajouté pas mal d’années! Mais j’ai été très impressionnée par l’intelligence, l’approche moderne de son discours. Est-ce parce que c’est une femme? Les hommes leaders sont plutôt dans la notion de séduction. Françoise, elle, m’a parlé de sensibilité, d’énergie, de joie de vivre, d’une féminité non pas liée à l’âge mais au plaisir… D’une féminité destinée aux femmes autant qu’aux hommes…

Vous vous dîtes plus libre la soixantaine passée…

J’ai eu la chance de pouvoir mettre de l’argent de côté, donc je n’ai plus de contrainte financière, ce qui me permet de faire ce que je veux! À mon âge on ne redoute plus le regard des autres, alors c’est une vraie liberté d’être soi-même, de s’amuser: je me maquille comme je prépare une jolie table, à la manière d’un jeu. Entre femmes, on comprend et on apprécie ce plaisir de jouer. C’est ce que j’aime dans le discours de Lancôme, précisément, cette manière de mieux saisir la féminité d’aujourd’hui.

De quelle manière la beauté compte t’elle à 65 ans?

Tout dépend de ce que l’on appelle la « beauté ». A la longue, ce sont l’élégance et l’esprit qui rendent belles certaines femmes. Je pense par exemple à Maria Callas, à Frida Khalo…. A 20 ans, tout le monde est beau, on peut se contenter d’un jean et d’un T.shirt. A 65 ans, la beauté devient affaire d’élégance, d’individualité, de détails, de mélanges personnels. Aujourd’hui, je ne cherche plus à être sexy, mais à trouver la meilleure expression de moi-même.

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Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise au fil du temps?


Quand on évoque l’âge, on parle toujours des rides, du poids et jamais de cette liberté que l’on acquiert avec le temps. Et pourtant, c’est le plus important: je me sens plus libre, plus drôle! Le passé est le passé, désormais c’est plus simple, plus joyeux!

Pour Lancôme, vous venez de faire une nouvelle série de photos avec Peter Lindbergh, que vous connaissez bien…

Oui, ça faisait très longtemps que nous n’avions pas travaillé ensemble, mais je savais qu’il était « le » bon pour cette nouvelle image. J’ai été mannequin, je sais faire la différence entre un photographe qui capte la beauté, et un photographe qui capte les émotions. Lindbergh s’intéresse aux émotions. Souvenez-vous de son extraordinaire cliché de Tina Turner, la soixantaine passée, folle d’énergie…


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