Rencontre avec Isabella Rossellini

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A l’époque, vous aviez fait la même démarche pour « Trésor »auquel vous êtes restée fidèle…

C’est incroyable, non? Lors de la création de « Trésor », au début des années 90, la presse commençait à vouloir entendre les mannequins et les égéries, et plus seulement les regarder. J’ai donc en effet demandé à Lancôme si je pouvais assister au processus de création du parfum. Je voulais me rendre compte pour savoir comment le raconter. Entrer dans ces « coulisses » a renforcé mon attachement à cette fragrance… Qui ne me quitte pas depuis.

Que pensez-vous du rôle de la beauté dans la vie des femmes?

Ça compte beaucoup, d’ailleurs le mannequinat est l’un des rares secteurs où les femmes sont mieux payées que les hommes! Mais il me semble que ça a évolué. Aujourd’hui, on attend davantage d’une femme belle qu’elle ait aussi de l’épaisseur, de la personnalité, de l’intelligence… Regardez Rossy de Palma, ce n’est pas une beauté au sens classique du terme, et pourtant….

Est-ce que vous voyez un même type d’évolution dans le milieu du cinéma?

À l’écran, c’est différent, parce que l’on raconte des histoires. On trouve toujours un second rôle de grand-mère pour une actrice! Cela dit, avec le développement incroyable des séries, il y a aujourd’hui beaucoup plus de rôles, notamment aux États-Unis. Les scénaristes multiplient les sujets de niche, il faut qu’il y en ait pour tous les goûts, donc les productions n’arrêtent pas…Enquêtes criminelles, fresques historiques, drames…Depuis quelques années, je n’arrête plus de tourner…

Pourtant, vous vivez dans une ferme organique, où vous élevez des poulets, une sorte de reconversion, quand même…

En fait, ce qui est intéressant c’est d’alterner entre vie très active, et retour à la ferme. C’est un bon équilibre… À l’époque où je ne tournais quasiment plus, voilà une dizaine d’années, période de creux après la quarantaine, justement, et avant la vague des séries, j’ai décidé de reprendre l’université. J’y ai étudié le comportement et la communication chez les animaux, un sujet qui m’a toujours intéressé. En la matière, je suis passionnée par les travaux de l’éthologue Jane Goodall… La ferme s’est donc naturellement imposée. J’ai des cochons, quelques chèvres, mais surtout plus d’une centaine de poulets. Des poulets d’une espèce délaissée, très ancienne, qui n’intéresse pas les industriels parce qu’elle n’est pas rentable à la production

La lutte pour l’environnement, c’est un engagement, pour vous?

C’est surtout du bon sens!

Aujourd’hui, vous vous intéressez également à ce que « pensent » les animaux…

Ah oui! Après ma quarantaine de petits films ludiques sur la reproduction des animaux commandée par Robert Redford et son Sundance Institute, mon amie Carole Bouquet m’a présenté à Jean-Claude Carrière, un homme exceptionnel. Ensemble, en 2014 nous avons créé « Bestiaire d’amour » un spectacle inspiré de ces films et mis en scène par la formidable Murielle Mayette… Nous l’avons joué dans 42 villes à travers le monde! Devenue depuis directrice de la Villa Médicis à Rome, Murielle Mayette m’a proposé, au printemps dernier d’y passer du temps en résidence pour achever d’écrire une nouvelle pièce. Dans celle-ci, il y a un petit chien sur scène, avec moi. La pièce s’appelle « Link Link Circus », nous en avons fait un « work-shop » en novembre dernier au Baryshnikov Art Center de New York. A présent, pendant quelques mois, je ne vais prendre que très peu d’engagements.

Pourquoi?

Parce que ma fille est devenue mère, et moi grand-mère! C’est un plaisir énorme! Et je veux être totalement disponible pour elle si elle a besoin de moi…

Vous avez récemment défilé avec votre fils (mannequin et photographe), c’est important de travailler avec vos enfants?

Pour moi c’est important, mais pour eux beaucoup moins, certainement ! Ils sont adultes, ils ont leur vie, c’est normal! Ma fille s’occupe de cuisine, mon fils poursuit sa carrière de photographe et de mannequin, je les soutiens, je suis ravie qu’ils soient passionnés, nous restons très proches.


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