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L’intelligence est-elle un atout en amour pour les femmes ?

Aujourd’hui encore, malgré les luttes pour l’égalité des sexes, l’intelligence et l’ambition féminines ne semblent guère être recherchées par les hommes. Tentatives d’explication.

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La beauté ? L’intelligence ? La gentillesse ? Le tempérament ? L’honnêteté ? L’humour ? L’ambition ? La douceur ? La force de caractère ? Le dynamisme ? Quelles qualités féminines comptent-elles pour les hommes quand ils cherchent une partenaire amoureuse ?

L’intelligence en amour : est-ce important ?

La réponse à cette question semble des plus personnelles. Chacun apprécie. Pourtant si l’on en croit l’étude « Différences entre les sexes dans la sélection des partenaires : preuves d’une expérience de speed dating” (1) menée auprès de 392 étudiant.e.s américain.e.s, il semble que le trio “’intelligence, force de caractère et ambition” ne soit guère jugé positivement par la gent masculine ! Ces qualités auraient même tendance à les effrayer. A les faire fuir…

Focus sur cette étude publiée en mai 2006. Centrée sur les « speed-dating », ces rendez-vous de quelques minutes qui permettent de rencontrer un.e partenaire amoureux.se, elle met en évidence que les hommes, en l’occurrence des étudiants masculins de l’Université de Columbia, ne sont pas attirés par les femmes dont ils perçoivent l’intelligence ou l’ambition comme supérieures à celles qu’ils ont car ils demandent rarement un second rendez-vous. Par contre ce qui les fait craquer, c’est l’attractivité physique de la femme… Ce qui fait dire aux auteurs de la publication qu’« en moyenne, les hommes n’apprécient pas l’intelligence ou l’ambition des femmes quand elles dépassent les leurs » Et ces psys d’expliquer cela par la « peur d’être rejetés par ces femmes de plus haute qualité. »

Doit-on vraiment s’étonner de ces résultats ? Bien des études confirment combien les relations sont difficiles entre les hommes et les femmes fortes et intelligentes. Dans un article du New York Times de mars 2018 (2), Sendhil Mullainathan passe en revue différents travaux de recherche montrant que ces femmes vivent ruptures et divorces bien plus que les hommes ayant ce même tempérament. Dans cet article de presse, le professeur d’économie à Harvard évoque d’abord une recherche qui montre que les femmes suédoises élues en politique paient fréquemment leur victoire par un divorce, alors que leurs collègues politiciens masculins victorieux ne vivent pas cette situation. Il cite encore celle centrée sur les femmes dirigeantes d’entreprises qui vivent davantage de ruptures amoureuses que leurs homologues masculins. Mullainathan épingle encore une étude montrant que les femmes gagnant plus que leurs maris, doivent compenser la chose, s’en excuser, en assumant davantage de tâches ménagères qu’eux. Ce qui ne leur évitera pas une rupture ; les taux montrent que ces couples connaissent un taux de divorce plus élevé que la moyenne.

Comment comprendre cet état de fait ? Pourquoi les hommes ne choisissent-ils pas lors de ces speed dating des femmes plus intelligentes qu’eux ? Ils n’ont pourtant pas de problème à choisir des partenaires plus jeunes et plus belles qu’eux ? Pourquoi les hommes quittent-ils plus vite des compagnes de tempérament ? Peut-être sont-elles plus assertives et moins faciles à vivre mais peut-être aussi ont-ils intégré les privilèges que les siècles de patriarcat leur ont accordés : à eux, les hommes, la rationalité, la réflexion, le calme, le pouvoir notamment financier et à elles, les femmes, la séduction, le relationnel, l’émotionnel. Dans son passionnant essai « La fin de l’amour » (éd. du Seuil), Eva Illouz épingle elle aussi la peur masculine vis-à-vis des femmes intelligentes et ambitieuses.

La sociologue et directrice d’études à l’EHESS à Paris la complète en expliquant que si les hommes ont des difficultés à apprécier les femmes qu’ils considèrent comme plus intelligentes qu’eux, ils n’ont pas de problème à choisir des compagnes qu’ils estiment plus belles ou plus attirantes qu’eux ! Au contraire, de telles partenaires deviennent des faire-valoir montrant leur puissance sociale et leur pouvoir de séduction. « Définir la valeur de la femme par son attirance sexuelle est une façon indirecte de dénigrer les talents et l’intelligence des femmes, de les maintenir à une place où elles sont définies et valorisées par leur sexualité, place sociale inférieure à celle des hommes, ce qui permet d’affirmer la domination économique et sociale des hommes sur elles. » écrit Eva Illouz. Dans une société où domine un capitalisme très masculin, où les industries de la mode et des cosmétiques, la télévision, la publicité, le cinéma et la pornographie sont aux mains des hommes, les femmes sont toujours enfermées dans des statuts d’objets sexuels.

Ainsi malgré les luttes féministes, malgré les diplômes universitaires et les domaines professionnels investis, les femmes n’ont pas acquis la même place dans la relation amoureuse et sexuelle, comme si la sphère intime était le dernier lieu de résistance à l’égalité des genres, comme si le monde intime était régi par un ordre éternel et naturel et non pas par le culturel où la qualité d’une femme se mesure à sa jeunesse et sa beauté.

(1) Gender differences in mate selection : evidence from a speed dating experiment. Etude de R. Fisman, SH. Iyengar, E. Kamenica, I. Simonson ; en tout cas les 202 jeunes hommes qui ont participé à l’étude, Etude publiée en mai 2006 dans The Quarterly Journal of Economics. (2) The Hidden Taxes on Women. article de. Publié en 2018 dans The New York Times.


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