Dans la vie, il y a celles et ceux qui refusent de transformer leurs intérieurs en musées remplis de bibelots et autres objets jugés inutiles. Et d’autres qui transforment chaque pièce en entrepôt de l’inutile, et sans prendre conscience de leur démarche. D’où vient ce besoin d’amasser, un trouble nommé syllogomanie ? Et comment y remédier ? Tentative d’explications.
La syllogomanie, de quoi s’agit-il ?
Avec une prévalence estimée entre 2 et 6% de la population générale, la syllogomanie constitue un trouble défini par le monde scientifique comme « une difficulté à jeter ou à se séparer de biens, souvent sans valeur, au point que ces objets encombrent les espaces de vie et les rendent quasiment invivables ». Cela concerne tout aussi bien de vieilles publicités que des emballages ou des tas de vêtements que l’on ne met plus. Ce trouble obsessionnel compulsif (TOC) est également connu sous l’expression de thésaurisation pathologique. Bien différente de l’activité pratiquée par le collectionneur. Qui entasse aussi, parfois, mais avec un but défini, celui d’alimenter son ou ses centres d’intérêt.
Qui est concerné.e ?
Peut-on dresser un profil type de la personne atteinte ? « Oui, en partie. Ce trouble concernerait surtout la tranche d’âge des 50 à 60 ans, avec une forme d’aggravation du trouble au fil des années. Si les hommes et les femmes sont concernés, il semble que la gent féminine soit majoritaire dans les cas déclarés », explique Christiane Razen, coach comportementaliste. Plusieurs théories apportent des pistes de recherche pour expliquer les causes de déclenchement de la syllogomanie. Comme un symptôme lié à une forme de phobie sociale, d’anxiété sévère voire de dépression mais aussi d’autres problèmes de personnalité comme la schizophrénie. Autant de situations qui empêchent la personne de réagir correctement. Le chemin tout tracé vers l’accumulation non contrôlée. La syllogomanie peut être également une réponse apportée à un deuil. Ou un symptôme lié à la présence de la maladie d’Alzheimer, qui rend difficile la gestion du quotidien. Enfin, les études menées soulignent un pourcentage de cas lié à une origine génétique avec une part d’hérédité constatée.
Pourquoi et comment réagir ?
Une personne atteinte de syllogomanie n’a que rarement conscience de son état, il relève donc aux proches d’entamer les démarches pour l’aider à surmonter son état. Une aide nécessaire car ces déchets et autres objets conservés depuis des mois voire des années constituent une menace sanitaire. Avec le risque d’allergies voire de pathologies liées au manque d’hygiène et à l’invasion de nuisibles attirés par les déchets de nourriture. Quel traitement apporter ? Christiane Razen répond : « Il n’existe pas de solution unique pour la syllogomanie. Il convient d’abord de réussir à convaincre la personne concernée de se faire aider. La démarche médicale consiste ensuite à rechercher et traiter la possible pathologie associée. Avec, bien souvent, la prescription d’antidépresseurs ou d’antipsychotiques. Si la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée chez une personne plus âgée, son placement sera sans doute conseillé. » Et s’il ne s’agit « que » de traiter le toc, le suivi d’une thérapie cognitivo-comportementale permettra de travailler sur les causes.
Photo Shutterstock.