pourquoi fait-on l'amour

Pourquoi fait-on l’amour ?

Les motivations sexuelles sont bien plus nombreuses qu’il n’y paraît et parfois des plus étonnantes.

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N’en déplaise à certaines autorités religieuses, ce n’est pas (seulement) pour avoir des enfants que les hommes et les femmes de ce troisième millénaire font l’amour. Ni (uniquement) pour s’offrir du plaisir !

Les raisons pour lesquelles nous avons des rapports sexuels sont multiples et variées. Il y en aurait même 142, selon Cindy Meston et David Buss. En 2007, les deux psychologues de l’Université du Texas à Austin publiaient les résultats de leur étude centrée sur les motivations sexuelles, menée auprès de 1549 étudiant.e.s. I.elle.s ont ainsi mis en évidence 142 raisons de faire l’amour qu’i.elle.s ont intégrées dans le questionnaire « The Why have Sex Questionnaire », aussi appelé YSEX, utilisé dans de nombreuses recherches sexologiques qui sondent les raisons de rencontrer l’autre intimement ou évaluent les différences d’intention entre les genres, les cultures, les milieux sociaux, les âges…

Brûler des calories comme renforcer le lien amoureux

Et on découvre que ces motivations sont aussi banales que surprenantes. Voyez plutôt! Les jeunes ont confié faire l’amour pour se libérer d’un stress, faire de l’exercice physique, briser l’ennui, avoir l’esprit libre et passer à autre chose, céder au charme d’une personne qui danse bien, craquer pour un individu qui sent bon, améliorer le savoir-faire sexuel, brûler des calories, découvrir la personne dans son intimité, rester fidèle à sa réputation de séducteur.rice, se punir,  réaliser un fantasme, remercier pour un resto offert, humilier la personne, se rapprocher de Dieu, avoir un job, gagner de l’argent, rendre une personne jalouse, avoir un enfant, défier les parents, entamer une nouvelle étape dans la relation, céder à une pression harcelante, booster l’estime personnelle, se sentir séduisant.e, s’endormir, refiler une infection sexuellement transmissible, contrôler la personne, être connecté.e à l’autre, communiquer à un niveau plus personnel, avoir chaud, ne pas décevoir, se débarrasser d’un mal de tête, ne pas décevoir, diminuer l’envie du partenaire d’aller voir ailleurs, faire naître le sentiment amoureux chez l’autre, éviter une rupture, augmenter l’intensité amoureuse, intensifier le lien émotionnel….

Vous l’avez compris, ces 142 raisons ne sont pas toutes fondamentalement différentes les unes des autres et divergent parfois d’un détail. Mais aussi nombreuses soient-elles, ces motivations peuvent être classées en 4 grandes catégories. La première est liée aux raisons physiques comprenant la réduction du stress, le plaisir, la désirabilité physique et la recherche d’expérience. La seconde est la réalisation d’objectifs qui comprend les ressources, le statut social, la vengeance et l’utilitaire. La troisième catégorie est émotionnelle, intégrant l’amour, l’engagement et l’expression. Et la dernière liée à l’insécurité comprend le renforcement de l’estime de soi, le devoir / pression et la protection contre le partenaire.

Des différences entre les hommes et les femmes

Ces 142 raisons de faire l’amour disent la complexité des liens entre le corps et le cœur, entre le sexe et les sentiments comme le bien-être et les relations sociales. Tout se mêle et s’entremêle, se fragilise ou se renforce. Mais on notera qu’il y a des différences entre les genres. Hommes et femmes partagent bien des motivations communes puisque vingt des vingt-cinq principales raisons sont les mêmes pour les deux sexes. Viennent d’abord l’attraction physique, puis l’envie d’avoir du plaisir et le fait de se sentir bien. Les émotions ne sont pas oubliées car le besoin d’ « exprimer son amour » et « de montrer son affection » figurent parmi les dix premières motivations des femmes et des hommes à avoir des relations sexuelles.

Ces dimensions sentimentales sont cependant plus fortes chez les femmes – elles occupent les 4e et 5e rangs – que pour les hommes – 5e et 8e places. Ces différences s’expliquent par les conceptions patriarcales qui depuis la nuit des temps, conditionnent les femmes à lier sexe et sentiment pour contrôler et diminuer leurs désirs. Tout comme ces conceptions stéréotypées persuadent les hommes qu’ils ont une sexualité aussi forte que purement physiologique ! Malgré la révolution sexuelle des années septante et les luttes féministes, passées et récentes, les jeunes femmes d’aujourd’hui ne peuvent toujours pas vivre la même sexualité que les hommes, si elles le désirent. Maintes études montrent la persistance des préjugés sexuels genrés, parmi lesquelles  la recherche  internationale “Measuring gender norms about relationships in early adolescence” (2) publiée en 2019.

Lors d’entretiens, des jeunes de 10 à 14 ans ont confié que selon eux,  « les garçons ont des copines pour s’amuser plus que pour aimer », « les filles devraient éviter les garçons parce qu’ils les incitent à avoir des relations sexuelles », « les filles qui ont un petit ami sont irresponsables », « les filles sont victimes de rumeurs si elles ont un petit ami», « les filles ont souvent des « problèmes » lorsqu’elles ont un petit ami ». Menée dans 14 pays dont la Belgique, cette étude  établit que  les jeunes estiment que les garçons ont une sexualité « naturelle » et que ce sont eux, les garçons, les hommes, les mâles qui décident des jeux amoureux et prennent l’initiative. Les filles quant à elles, n’ont pas ce pouvoir. Bien au contraire, elles doivent éviter les contacts avec les garçons car ils sont risqués. Ce sont elles aussi qui doivent assumer la responsabilité des conséquences des rapports sexuels…

 (1)The Why have sex ? Etude de Cindy Meston et David Buss publiée dans Archives of Sex Behavior en août 2007.

(2) Measuring gender norms about relationships in early adolescence : Results from the global early adolescent study. Etude de C. Moreaua, M. Lia, S. De Meyerc, Loi Vu Manhd, G. Guiellae, R. Acharyaf, B. Bellog, B. Mainai, j, K. Mmaria. Elle est parue en 2019 dans Population health SSM Popul Health.


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