stress

Quand le stress fragilise la vie sexuelle 

Plus que les hommes, les femmes voient le stress impacter leur sexualité, comme le montrent plusieurs études. Comment réagir ? Le yoga et la mindfulness s’avèrent des options intéressantes pour combattre l’anxiété.

Reading Time: 3 minutes

Le patron souvent critique, le compagnon parfois grognon, les finances toujours compliquées, les enfants révoltés, les parents absents, les conflits familiaux, les corvées ménagères, les embouteillages… Et comme si ces ennuis personnels ne suffisaient pas, il y a les tensions internationales, celles de la guerre en Ukraine et du conflit israélo-palestinien, sans oublier les problèmes climatiques et environnementaux. Comment ne pas être victime du stress aujourd’hui ? Nos rythmes de vie nous imposent tant d’agressions physiques et psychiques qu’elles s’accompagnent souvent de sentiments d’anxiété et d’impuissance, si ce n’est de sensations d’épuisement.

Le stress impacte surtout les femmes

De telles préoccupations fragilisent nos vies intimes. Qui a envie de se rapprocher de celui ou celle qu’il aime quand il se sent submergé par les événements ? Qui peut atteindre l’orgasme quand il se sent anxieux et épuisé ? On sait pourtant que faire l’amour réduit le stress comme la dépression mais rares sont ceux et celles (surtout celles) qui parviennent à dépasser cet état de tension pour vivre les plaisirs des corps. Généralement, le stress nuit à la sexualité et en particulier à celle des femmes. Les études scientifiques le confirment. On citera celle publiée en 2018 dans la revue scientifique Archives of Sexual Behavior et intitulée “Average Associations Between Sexual Desire, Testosterone, and Stress in Women and Men Over Time” , soit ”Associations moyennes entre le désir sexuel, la testostérone et le stress chez les femmes et les hommes au fil du temps” (1). Menée auprès de 78 femmes et 79 hommes, elle cherchait à savoir comment le stress impacte le désir solitaire et le désir d’avoir une relation sexuelle avec son partenaire. Pendant 9 mois, les participants ont rempli des questionnaires et donné des échantillons de salive pour évaluer la testostérone et le cortisol, la fameuse hormone du stress. Et il a été observé des différences très genrées. Chez les femmes, le stress impacte négativement aussi bien le désir solitaire que l’envie d’avoir une relation avec le partenaire. Chez les hommes, le stress diminue quelque peu le désir solitaire mais augmente le désir de l’autre. On ne discutera pas ici des raisons de ces différences de genre mais il semble bien que les femmes aient du mal à vivre en même temps le stress et la sexualité.

Films érotiques

Une autre étude publiée en 2013 dans The Journal of Sexual Médicine le confirme: “Chronic stress and sexual function in women”, “Stress chronique et fonction sexuelle chez la femme” (2). Menée auprès d’une trentaine de femmes dont la moitié souffrait de stress important, elle consistait à mesurer leur pouls vaginal, leur excitation psychologique, la fréquence cardiaque, le cortisol salivaire, la DHEAS salivaire quand elles regardaient des films érotiques. Les résultats sont sans appel : les femmes ayant des niveaux élevés de stress ont des niveaux plus faibles d’excitation génitale. Elles se montrent plus distraites pendant le film érotique que les femmes du groupe de stress moyen.

Yoga et mindfulness pour diminuer le stress

L’étude confirme ce que chacun pressent. Mais on ne désespère pas pour autant de sa vie intime car le stress peut se combattre par divers moyens qui vont du sport à la cohérence cardiaque en passant par la gestion des émotions, le yoga, l’hypnose, un bon sommeil ou la pleine conscience pour ne citer que ces approches. On s’arrêtera ici plus longuement sur la pleine conscience tant l’approche est positive. À la fin des  années septante, l’Américain John Kabat Zinn a montré combien la mindfulness, soit le fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans se juger, peut nous aider à dépasser nos problèmes de stress et d’anxiété. Dans sa Clinique de réduction du stress de l’hôpital universitaire du Massachusetts, le professeur de médecine a mis au point le programme MBSR Mindfulness-Based Stress Reduction. Étalé sur 8 semaines à raison de 45 minutes par jour, il intègre des exercices de respiration, d’étirement, de yoga, scan corporel – passer son corps en revue – , marche lente, attention à l’objet… et bien sûr d’échanges. Ce programme s’est montré si positif qu’il est aujourd’hui soutenu par l’OMS et pratiqué dans de très nombreux centres de santé et bien-être. Et dans le domaine intime qui nous occupe ici, la pleine conscience a fait ses preuves. Bien des études universitaires établissent que cette double exigence de “présence à l’instant” et de “non jugement” est bénéfique lors des relations sexuelles. Elle permet de rester centré sur le présent et les sensations sans que les pensées ne prennent le dessus. Envahi par des préoccupations parasites, chacun devient spectateur de la relation quand il ne se focalise pas sur ses performances sexuelles ou ses défauts physiques. Or en réduisant la distraction cognitive, la pleine conscience permet de surmonter bien des difficultés sexuelles parmi lesquelles celle liée au stress. De même, elle favorise le désir sexuel, améliore les sentiments d’acceptation et d’excitation sexuelle et porte l’orgasme. Rien de moins !

(1) Raisanen, J. C., Chadwick, S. B., Michalak, N., & van Anders, S. M. (2018). Average Associations Between Sexual Desire, Testosterone, and Stress in Women and Men Over Time. Archives of sexual behavior, 47(6), 1613–1631.

(2) Hamilton, L. D., & Meston, C. M. (2013). Chronic stress and sexual function in women. The journal of sexual medicine, 10(10), 2443-2454.

 

Photo Shutterstock.

 


© Fiftyandme 2024