Marrakech

1001 Nuits dans la campagne de Marrakech

À la découverte de la kasbah Tifawine de la décoratrice d’intérieur belge Hannelore Caspers. Un point de chute paisible et féerique dans la campagne marocaine, à 30 minutes de route de Marrakech. Et un projet social engagé avec la population locale.

Reading Time: 5 minutes

L’année dernière, Hannelore Caspers, 58 ans, a troqué la ferme qu’elle a aménagée à Gooik (Flandre), où elle vivait avec son époux et leurs deux fils adultes, pour une ‘kasbah’ dans la campagne, à une demi-heure de route de Marrakech. Dans les mois qui ont suivi, la décoratrice d’intérieur a rénové le bâtiment pour en faire Tifawine, une magnifique résidence colorée, où l’on séjourne de façon éthique et où l’on se connecte avec la culture berbère. Elle ne l’a pas fait seule puisque 38 Berbères ont séjourné dans la propriété et lui ont prêté main forte sept jours sur sept en utilisant des techniques ancestrales. Pour l’intérieur, elle a fait appel à des artisans locaux, et le 5 septembre 2022, elle ouvrait les portes de la kasbah Tifawine.

Marrakech

Un projet social engagé à une demi-heure de Marrakech

Troquer la quiétude de Gooik pour le chaos du Maroc n’était pas vraiment au programme de Hannelore. Pourtant, il y a 15 ans, les couleurs chatoyantes, la culture et la population du pays lui avaient chamboulé le cœur. Hannelore et son époux y prirent conscience que les personnes accueillantes qui les entouraient étaient entièrement dans une notion de ‘don’. « Les gens ici n’ont rien et sont pourtant incroyablement généreux. Ils ont tout juste de quoi nourrir toute leur famille, et même cela, ils le partagent. » C’est de là que lui est venu l’inspiration pour son projet social actuel : la rénovation a permis aux hommes d’avoir du travail et des perspectives d’avenir, et le résultat final offre une plateforme aux femmes berbères, qui confectionnent des vêtements, des tapis et autres éléments de décoration, que les visiteurs de Tifawine peuvent acheter. Cet argent lui permet de leur acheter de nouvelles choses. « Elles restent souvent à la maison pour faire le ménage. En fabriquant des objets de déco pour la kasbah, elles peuvent travailler de chez elles ou dans un atelier et gagner ainsi un peu d’argent supplémentaire. »

Marrakech

Et l’argent qu’elle gagne grâce aux nuitées et aux activités connexes ? Elle n’en touche pas un sou, tous les bénéfices vont aux initiatives locales des Berbères, comme l’école du village, l’enseignement de techniques agricoles ou un soutien à des coopératives de femmes berbères. « Nous n’avons pas l’intention de gagner beaucoup d’argent ici. Nous voulons juste pouvoir couvrir nos frais, avoir une bonne occupation et nous assurer que les gens vont bien. Prenez Mohammed, le jardinier. Il a un enfant qui étudie la médecine à Marrakech, mais c’est très coûteux. Travailler ici lui permet de payer ses études. Ou encore l’autre jardinier, Abdel. Son père est décédé lorsqu’il avait 15 ans, l’obligeant à abandonner ses études pour entretenir sa famille. Il doit maintenant assurer le tout et sa famille survit grâce à son salaire. »

Une oasis de calme à côté de l’agitation de Marrakech

Nous avons cherché longtemps avant de trouver cette kasbah. « Depuis mes cinquante ans, je dis que je veux m’installer dans un pays où la lumière est belle, les couleurs sont chatoyantes et les gens sont gentils. J’ai trouvé tout cela à Marrakech. La kasbah est à environ 19 kilomètres de la médina, la partie la plus ancienne des villes nord-africaines. Bien que situé à une petite demi-heure à peine de l‘agitation, on y a une impression de bout du monde. C’est une oasis de calme avec une vue phénoménale sur les montagnes de l’Atlas. Il a fallu trois ans pour trouver un endroit qui soit authentique et à la hauteur de nos demandes. Mon époux a encore son job en Belgique mais l’idée est que je gère tout ici et qu’un jour, il s’installe également ici. Pour l’instant, il fait des allers-retours. Je me suis chargée toute seule de la rénovation. En Belgique, j’étais déjà décoratrice d’intérieur professionnelle, mais exercer ce métier en Afrique du Nord ou en Belgique, c’est très différent. Tout est fait manuellement ici : même la piscine a été creusée à la pelle, pour ainsi dire. Le rythme est tout autre ici et personne ne s’en plaint. »

Marrakech

Une journée dans la kasbah

« Dès le réveil à la kasbah, les sportifs partent faire une promenade ou une course matinale dans le désert. J’aime bien accompagner mes invités. Au retour, le petit déjeuner est servi où les gens le souhaitent sur notre domaine de deux hectares : sur la terrasse, le toit, la terrasse couverte, le solarium, près de la piscine ou de l’oliveraie. Et si vous préférez déjeuner sous le palmier, c’est tout à fait possible. Tout est fraîchement préparé : le raïb (yaourt local) au granola et fruits de saison, des crêpes marocaines, du pain fait maison dans le four à terre, et d’autres choses encore. Après le petit déjeuner, les invités font ce qu’ils veulent : se détendre près de la piscine ou dans le hammam, profiter de la nature, visiter le musée d’Yves Saint-Laurent, jouer au golf, faire du shopping ou passer un peu de temps dans l’un des bars ou terrasses branchés de Marrakech. Mais elle espère aussi que les personnes sont ouvertes à de nouvelles expériences et au contact avec la culture berbère authentique. Vous êtes plus de nature sportive ? Hannelore aime donner à ses invités des conseils pour les meilleurs itinéraires de cyclisme, de course à pied ou de randonnée dans les montagnes de l’Atlas et organise d’ailleurs des excursions avec les guides locaux. « Nous collaborons ainsi avec un guide de montagne qui fait de très belles randonnées d’une journée complète. Il y a aussi des personnes qui souhaitent visiter la médina avec un guide. Nous organisons également cela dans notre commune Tamesloht. Le vendredi, on y trouve le marché avec d’innombrables légumes et épices, c’est une véritable attraction. »

Marrakech

La journée se termine avec un apéro au coucher de soleil. « Nous nous rendons alors dans un endroit unique, au milieu de nulle part, pour prendre un verre ensemble et profiter de la vue inoubliable. Nous retournons ensuite à la kasbah pour y créer une ambiance chaleureuse avec un musicien berbère, par exemple, et nous dressons la table avec des centaines de petites bougies. Nous cuisions frais tous les soirs et mangeons des plats typiques d’ici. Ou les gens prennent une navette organisée vers la médina pour y goûter d’autres mets locaux. Les soirées sont très calmes ici, on n’entend que le son de la nature. Des bougies s’illuminent autour de la piscine, des chambres, des terrasses. Une partie du jardin n’est pas pourvue en électricité mais nous y avons mis d’authentiques lanternes en fer forgé dans lesquelles nous allumons des bougies tous les jours. Le nom Tifawine ne signifie pas pour rien “endroit aux multiples petites lumières” en berbère, en référence aux lumières qui illuminent la kasbah le soir. « C’est typique de Marrakech : cette atmosphère des 1001 Nuits… C’est très féerique. »

En pratique

Chambre avec vue sur jardin : 155€/nuit, petit déjeuner inclus
Chambre avec vue sur l’Atlas : 175€/nuit, petit déjeuner inclus
Suite avec piscine privative : 250€/nuit, petit déjeuner inclus

Les prix sont basés sur un séjour pour deux personnes. Chaque personne supplémentaire dans la chambre, sera facturée à 30€ par nuit. Chaque personne supplémentaire dans la suite sera facturée à 40€ par nuit.

Tifawine est une kasbah restaurée de façon traditionnelle qui comprend six chambres et une suite. Elle se situe à une demi-heure de route de Marrakech, tant du centre-ville que de l’aéroport. Elle a été créée par la décoratrice d’intérieur Hannelore Caspers à l’aide de techniques traditionnelles et aménagée avec des matériaux locaux. En plus d’être un merveilleux lieu de séjour, Tifawine est également un projet social engagé dont les bénéfices sont reversés à la communauté berbère.

Plus d’infos : www.tifawine.ma

 

 


© Fiftyandme 2024