Amoureuse des animaux depuis toute petite, Audrey n’a pourtant pas directement travaillé dans ce domaine. Autrefois manager dans une grande boîte de publicité, elle s’est complètement reconvertie après un burn out. Désormais éducateur-comportementaliste animalier confirmée grâce à ses formations, elle exerce son métier avec passion et joie de vivre. Rencontre.
En quoi consiste le métier d’éducateur-comportementaliste animalier ? Quelles formations sont nécessaires ?
Je dirais que c’est vraiment un travail sur la relation. La relation entre deux entités différentes à savoir l’humain et le chien/chat ayant chacun des besoins et des motivations propres. Le but ? Arriver à une harmonie entre les deux afin d’établir une relation basée sur la confiance et le respect mutuel au sein de laquelle ils peuvent tous deux s’épanouir pleinement. En ce qui concerne les formations, malheureusement, en Belgique il n’y a pas de formation obligatoire car le métier n’est pas encore réglementé. Ce qui signifie que tout le monde peut « s’autoproclamer » éducateur-comportementaliste du jour au lendemain.
Il faut donc être très prudent lorsque l’on en recherche un. De mon côté, j’ai suivi ma formation principale à Canischola, un centre tenu par Christiane Reniers, avec qui j’ai aujourd’hui la chance et le grand plaisir de collaborer. Notre approche se veut bienveillante et dans le respect de l’animal. Nos méthodes se basent sur une approche positive et « cognitive », c’est-à-dire que l’objectif est d’apprendre à l’animal à comprendre ce qu’il fait afin d’ancrer le comportement recherché de manière durable tout en respectant sa nature profonde. En complément, je participe à divers séminaires et formations afin de « rester à jour », d’élargir ma vision des choses et de continuer à apprendre auprès de professionnels (vétérinaires, éthologues, comportementalistes…). C’est un domaine qui est en constante évolution.
Pourquoi faire appel à un comportementaliste ?
Pour solutionner une situation difficile ou conflictuelle et régler des problèmes d’éducation ou de comportement. Bien souvent, je rencontre des personnes qui se sentent, à raison, complètement démunies. En effet, l’Homme et l’Animal ne se comprennent pas toujours, le « dialogue » est rompu et l’incompréhension se fait ressentir des deux côtés. L’éducateur-comportementaliste va permettre d’aplanir cette situation en apportant des explications concrètes au problème rencontré et en mettant en place des exercices pratiques pour le résoudre. Il s’agit donc de comprendre le pourquoi et d’agir sur la cause du comportement indésirable et non sa conséquence. C’est un travail collaboratif entre l’éducateur-comportementaliste, l’humain et l’animal.
Quels sont les conseils fondamentaux à appliquer pour le bien-être de notre chien/chat ?
Afin d’éviter tous problèmes comportementaux, il est important d’apporter une réponse quotidienne aux besoins fondamentaux de son animal.
Pour le chien, nous allons retrouver, entre autres :
– le besoin social ;
– le besoin de découverte et d’exploration ;
– le besoin de mastication ;
– le besoin de prédation ;
– le besoin de collaboration.
Pour le chat on retrouve principalement :
– le besoin de prédation ;
– le besoin de sécurité et de confort.
La plupart de ces besoins peuvent être assouvis par la mise en place de différentes stimulations physiques et mentales.
Quels sont les cas que vous rencontrez fréquemment ? Les plus difficiles à traiter ? Quelles solutions ?
Je rencontre parfois des chiens qui sont réactifs envers leurs congénères et/ou les humains et qui peuvent agresser par peur. D’autres qui ne savent pas gérer la solitude et paniquent lorsqu’ils sont seuls, ce qui se traduit souvent par des destructions, de la malpropreté et des vocalises. Ou encore des chiens qui ont un comportement à tendance « hyper ». Je pense par exemple à ceux qui sont constamment en anxiété, qui ne sont jamais fatigués, qui sont dans l’enthousiasme excessif ou qui manifestent des demandes d’attention très poussées à leur famille. La plupart du temps, mon travail consistera à leur redonner confiance en eux, à les apaiser et les rendre plus autonomes. Comment ? En apportant une réponse saine à leurs besoins.
Chez les chats, je vois principalement des problèmes au niveau de la propreté ou de l’agressivité envers l’humain ou un autre chat. Ces attitudes peuvent avoir plusieurs causes pour une même manifestation. Il faudra donc d’abord les évaluer et les définir avant de pouvoir proposer une mise en place appropriée.
Bien sûr, la démarche n’est pas toujours la même. Particulièrement dans les cas les plus difficiles comme des chiens « trauma » qui ont vécu des sévices physiques et psychologiques. Ici, on parle de travail global car le chien doit tout réapprendre : se faire confiance, faire confiance en l’humain, comprendre qu’il peut être autonome, sortir de son anxiété et de sa peur, assimiler que le monde entier n’est pas tel qu’il l’a connu… tout en portant en lui les séquelles de son passé et ses angoisses.
Pourquoi avez-vous décidé d’exercer ce métier ?
On pense souvent que le métier d’éducateur-comportementaliste consiste à travailler avec l’animal, or la plupart du travail se fait avec et en collaboration avec l’humain. J’ai toujours été quelqu’un de très emphatique avec une volonté profonde de comprendre et d’aider les gens. A côté de cela, j’ai également toujours beaucoup aimé les animaux, je ne pouvais vivre sans eux, et j’ai toujours voulu apprendre à mieux les comprendre pour les rendre heureux. C’est un métier qui me permet d’allier mes deux passions, l’humain et l’animal, d’où mon slogan « mieux se comprendre pour mieux s’aimer ».
Ce n’est pas toujours un métier facile… mais je ne l’échangerais pour rien au monde.
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© Photos : Michael Doutreloux