Le poids des médicaments chez les 50+ : savoir décrypter son ordonnance

Une pilule pour la tension, un cachet pour le sommeil, une gélule pour les douleurs articulaires… Et si, sans le vouloir, on finissait par trop en prendre ? À partir de 50 ans, la prise de médicaments devient plus fréquente. Pourtant, cette accumulation de traitements – qu’on appelle la polymédication – n’est pas sans conséquence. Elle mérite une lecture attentive, et surtout une prise de conscience.

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Polymédication ou quand les traitements s’accumulent

La polymédication commence dès que l’on prend cinq médicaments ou plus chaque jour. C’est une réalité de plus en plus courante, notamment chez les femmes à la cinquantaine, souvent concernées par les traitements hormonaux, les antidouleurs, les somnifères ou encore les compléments pour l’ostéoporose. Et plus les traitements s’accumulent, plus le risque d’interactions augmente. On parle alors d’effet “cocktail” : certains médicaments peuvent amplifier ou neutraliser les effets des autres, voire provoquer des troubles secondaires que l’on attribue à tort à l’âge, à la ménopause ou à une fatigue passagère.

Ce phénomène est souvent mal connu. En Belgique, une personne sur deux de plus de 55 ans prend au moins quatre médicaments par jour. Les femmes sont en tête, non par excès, mais parce qu’elles consultent davantage… Pourtant, peu de patientes connaissent réellement les effets croisés de leur traitement, ni les interactions possibles avec des aliments courants comme le pamplemousse, le café ou certains compléments en apparence anodins.

Derrière cette routine médicale, il y a parfois une forme de confiance aveugle, de résignation ou tout simplement un manque d’information. On ne sait plus très bien pourquoi on prend tel comprimé. On n’ose pas questionner la prescription. Ou l’on oublie de mentionner un médicament “occasionnel” qui, lui aussi, a son importance. C’est pourtant là que se joue une partie de notre équilibre : dans cette vigilance bienveillante que l’on s’accorde à soi-même.

Vers une déprescription raisonnée

De plus en plus de médecins prônent aujourd’hui une approche douce, mais déterminée : celle de la “déprescription raisonnée”. Il ne s’agit pas de tout arrêter, mais d’alléger ce qui peut l’être. Adapter les posologies. Revoir ce qui est encore utile… et ce qui ne l’est plus. Prendre le temps, à chaque changement de médecin ou de traitement, de faire le point. Et pourquoi pas, intégrer une réflexion plus globale sur notre hygiène de vie, en incluant le sommeil, l’alimentation ou des alternatives douces.

Car moins, c’est parfois mieux. Mieux connaître ses médicaments, c’est déjà mieux les prendre. C’est aussi se réconcilier avec une médecine plus participative, dans laquelle on retrouve sa place. On peut devenir actrice de sa santé, en posant des questions, en se renseignant, en rééquilibrant ce qui peut l’être.

Le médicament peut être un allié précieux. Mais passé un certain âge, il faut apprendre à vivre avec lui… pas contre soi-même. Apprendre à dire « pourquoi ? », « est-ce encore nécessaire ? », « existe-t-il une alternative ? » est un geste d’autonomie, pas de défiance.

Bon à savoir : ces associations qui méritent votre vigilance

Sans forcément être dangereuses, certaines combinaisons médicamenteuses courantes peuvent altérer l’efficacité d’un traitement, provoquer des effets secondaires inattendus ou fatiguer l’organisme à long terme.

Somnifères + anxiolytiques
Une association fréquente (ex. : zolpidem + diazépam) qui peut entraîner des troubles de la mémoire, une somnolence prolongée, voire des risques de chute. À surveiller surtout si l’on vit seule ou que l’on conduit.

Anti-inflammatoires + médicaments pour la tension
Prendre un anti-inflammatoire (comme l’ibuprofène) en même temps qu’un traitement antihypertenseur peut faire monter la tension et affecter les reins, souvent sans symptôme immédiat.

Statines + pamplemousse
Le jus de pamplemousse interfère avec la dégradation des statines (médicaments contre le cholestérol), ce qui peut provoquer une accumulation dans le sang et augmenter le risque de douleurs musculaires ou d’atteinte hépatique.

Antidépresseurs + antimigraineux
Certains antidépresseurs associés à des triptans (traitements de crise pour la migraine) peuvent déclencher un « syndrome sérotoninergique » : fièvre, tremblements, confusion. Rare mais sérieux.

Inhibiteurs de l’acidité + compléments minéraux
Les médicaments contre les brûlures d’estomac (IPP) réduisent l’absorption du calcium et du magnésium, essentiels à la solidité des os. À surveiller en cas d’ostéoporose.

Un doute ? N’hésitez jamais à en parler à votre pharmacien ou à demander un point complet avec votre médecin traitant.


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