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Une grossesse tardive, est-ce encore tabou?

Au moment où la majorité de leurs copines deviennent grands-mères, certaines femmes de plus de 45 et plus se lancent à nouveau dans un projet de maternité. Avec quels risques pour leur santé et quelles questions éthiques soulevées ? Le point avec Corinne Hubinont, professeur en obstétrique, spécialisée dans les grossesses à risques à l’UCL.

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Un parcours de vie particulièrement chahuté, un nouvel amour, une maladie grave qui vient retarder les projets, un ‘accident’ en phase de préménopause, des difficultés pour trouver ‘le bon père’… Les raisons des grossesses après 45 ans sont très diverses mais la tendance est bien réelle et n’est plus l’exclusivité des stars (Janet Jackson est devenue mère pour la première fois à 50 ans). Entre tentation de profiter de tous les bonheurs de l’existence sans limite, quitte à nier l’âge de ses artères même si on se sent en forme olympique, et difficulté à assumer un choix souvent jugé égoïste par la société.

« Cette tendance s’installe dans tous les pays occidentaux parce que ce sont des grossesses qui ne viennent pas naturellement donc qui nécessitent l’intervention de la médecine », explique Corinne Hubinont, professeur en obstétrique, spécialisée dans les grossesses à risques à l’UCL. « Dans le temps, on parlait d’une grossesse tardive quand elle survenait après 40 ans, aujourd’hui, la limite est plutôt à 45 ans. Etre enceinte entre 40 et 45 ans est devenu assez courant ».

La fécondation in vitro est, elle aussi, limitée dans le temps. « On peut la pratiquer en Belgique jusqu’à l’âge de 45 ans. Mais si on a congelé des embryons, on peut les réimplanter jusqu’à 47 ans. Quand une femme fait une FIV, on essaye d’avoir un maximum d’embryons et on en réimplante seulement 1 ou 2. Les autres sont congelés pendant une période limitée dans le temps selon les centres de procréation médicale assistée (PMA) et selon les pays. Cela se pratique depuis longtemps. Ce qui est plus récent, c’est le ‘social freezing’, donc la congélation des ovocytes pour raisons sociales. Au départ, on a développé cette technique chez des femmes jeunes chez qui on diagnostiquait un cancer et qui risquaient de devenir stériles à cause des traitements reçus. On leur prélevait un petit bout d’ovaire qu’on réimplantait quand elles étaient en rémission pour qu’elles puissent être enceintes. Maintenant, cette pratique peut être appliquée à tout le monde, pour autant qu’on en ait les moyens financiers car la procédure n’est pas remboursée. La technique est validée et donne de bons résultats mais ne fonctionne pas toujours et un problème de santé peut empêcher d’utiliser cette pratique d’où un coût élevé en matière de gestion de ces stocks d’ovaires congelés. On manque encore de recul ».


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