sexualité des seniors

Qu’en est-il de la sexualité des seniors ?

La sexualité perdure avec les années et peut être pleinement satisfaisante, si on oublie les notions de performance.

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Comment imaginer qu’un corps fatigué par les années puisse susciter le désir? Comment concevoir qu’un organisme moins performant, fragilisé par les changements physiques, notamment hormonaux, puisse donner ou éprouver du plaisir ? Sexe et âge ne semblent pas faire la meilleure des alliances. L’association reste taboue.

La sexualité des seniors : satisfaisante ?

Pourtant la sexualité subsiste avec les années. Nombre d’études scientifiques le confirment. Citons seulement celle publiée dans le “New England Journal of Medicine» (1) en 2007 et menée auprès de 3.000 personnes âgées de 57 à 85 ans. Elle montrait que 73 % des répondant.e.s âgé.e.s de 57 à 64 ans ont encore une activité sexuelle régulière, 53 % chez les 65 à 74 ans et 26 % chez les 75 à 85 ans. L’étude précise encore que près de 50% des hommes et 25% des femmes continuent d’avoir des plaisirs solitaires. Et plus de la moitié des seniors âgés de 57 à 75 ans pratiquent encore le sexe oral et un tiers des 75-95 ans, si l’on en croit le psychiatre et sexologue français Gérard Ribes qui signait en 2009 «Sexualité et vieillissement».

Mieux encore i.elles sont satisfait.e.s de leur sexualité même s’ils font beaucoup moins l’amour. En 2019, le site Terre des seniors, qui propose des bons plants aux + de 50 (voyages, cours…) menait une enquête auprès de ses membres et sur les 750 personnes ayant répondu, quelque 45,6% ont dit être pleinement satisfait.e.s de leur vie sexuelle et seulement 20,4% à trouver que c’était bien mieux avant ! Pour 64,8% des répondant.e.s, le vieillissement du corps du partenaire n’a pas changé leur sexualité. Il serait même le symbole de la longévité de leur union. Une autre enquête de 2020 (2) menée par Oui Care, société française spécialisée dans les services à la personne, confirme la chose: 75% des sexagénaires se disent satisfait.e.s de leur vie sexuelle. Tout comme ils disent que les complexes physiques ne sont plus de leur âge.

Et on ne s’étonnera pas de ces chiffres tout d’abord parce que nous vieillissons en bonne forme physique. Sports, préoccupations diététiques et suivis médicaux de qualité permettent d’affronter avec plus de légèreté le temps qui passe et de pouvoir vivre une belle intimité sexuelle. Certes, des changements se produisent chez les deux sexes qui impactent la vie sexuelle. En ce qui concerne les femmes, la ménopause diminue la libido ainsi que la lubrification vaginale, l’épaisseur et la souplesse des parois vaginales. L’utérus change également comme les parties extérieures du sexe qui s’atrophient et s’engorgent de moins de sang lors de l’excitation. Autant d’éléments qui peuvent rendre la pénétration douloureuse. Mais bonne nouvelle, le clitoris, l’organe même du plaisir, conserve toute sa sensibilité. L’orgasme peut toujours être multiple même s’il est plus court.

Quant aux hommes, la diminution progressive d’androgènes et de testostérone diminue le désir. Les érections ne sont plus aussi rapides et elles sont moins soutenues, nécessitant davantage de stimulations. Les éjaculations sont moins puissantes et les temps de récupération entre chaque orgasme plus longs. Mais chez les femmes et les hommes, bien des sens gardent leurs capacités. Le toucher conserve sa sensibilité, comme l’odorat et le goût.

Ces changements physiologiques normaux ainsi que les problèmes de santé et les transformations de l’apparence peuvent être difficiles à vivre. Mais ils ne sont pas une fatalité. Loin de là. Ils doivent inciter chacune et chacun à vivre une intimité plus érotique que technique, plus imaginative que performative. Ils doivent les persuader de se rencontrer sensuellement et ressentir les plaisirs offerts par tous les sens. Pas de focus sur le seul coït. La pension, le temps disponible et une meilleure connaissance de soi doivent les y aider.

Et bien des aîné.e.s l’ont bien compris si l’on en croit l’enquête de Terre de seniors. Iels osent l’imprévu et la fantaisie puisque 46,7% aiment faire l’amour dans la journée, 73,1 % adorent pratiquer le sexe dans des endroits différents pour varier les plaisirs : la cuisine, le salon, la salle de bains et 82,8 % regardent des films érotiques – pour 42,8% en étant accompagnés- . Pas moins de 71,6% revendiquent avoir des fantasmes toujours aussi forts  et 73% oseraient offrir un accessoire coquin à leur conjoint. Que des bonnes nouvelles!

(1)A Study of Sexuality and Health among Older Adults in the United States. Etude de Stacy Tessler Lindau et al. Paru en 2007 dans “New England Journal of Medicine»

(2)Enquête en ligne “Oui Care” réalisée par Market Audit du 17 au 21 septembre 2020. 1 000 interviews représentatives de la population Française, en termes de genre, d’âge, de PCS et de région, dont 356 seniors (60 ans et plus).


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