sexe et ménopause

Les effets surprenants de la sexualité sur la ménopause

Avoir des relations intimes régulières modifie l’apparition de la ménopause, selon une récente étude britannique.

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C’est un moment important dans la vie féminine que la ménopause. Celle-ci peut symboliser le temps qui passe ou incarner au contraire une libération et le début d’une autre vie. Chacune ressent.

Mais il est intéressant de savoir que ce passage survient à un âge qui varie notamment en fonction du mode de vie. Si en Europe, l’âge moyen de la ménopause est de 54 ans – un âge qui a tendance à reculer (1) – , des facteurs peuvent avancer ou retarder son apparition, si l’on en croit l’étude publiée en 2009 (1) et dirigée par la docteure Julia Dratva de l’Université de Zurich. Le tabac, le surpoids, la sédentarité et la nulliparité (ne pas avoir d’enfant) sont liés à une ménopause précoce tandis que la pluriparité – avoir eu plusieurs enfants – est liée à une ménopause tardive!

Avoir eu ou non des enfants aurait ainsi une influence sur le moment d’apparition de la ménopause… D’autres études ont encore montré que les femmes en couple avaient une ménopause généralement plus tardive que les célibataires ou divorcées.

La présence masculine ou l’intimité?

De quoi titiller la curiosité de deux anthropologues britanniques… Megan Arnot et Ruth Mace de l’UCL, l’University College of London, se sont lancées ainsi dans une vaste étude (2)  afin de avoir si c’était le simple fait de vivre aux côtés d’un homme et de ressentir ses phéromones qui expliquait l’apparition tardive de la ménopause ou si c’était le fait d’avoir des rapports sexuels.

Pour tester leurs deux hypothèses, les chercheuses ont  analysé les données rassemblées par l’étude SWAN (Study of Women’s Health Across the Nation) menée auprès de quelque 2936 Américaines âgées de 42 à 52 ans qui pendant dix ans, ont précisé les changements biologiques et psychologiques qui se produisaient parallèlement à la ménopause. Au début de l’étude, certaines  (46 %) étaient péri-ménopausées, présentant des troubles dans leurs cycles menstruels et des premières bouffées de chaleur tandis que les autres (54%) étaient en pré-ménopause sans symptôme apparent. Sur ce large échantillon, 45 % ont expérimenté une ménopause naturelle à environ 52 ans. Les deux anthropologues se sont plus particulièrement intéressées aux comportements sexuels de ces milliers de femmes. Avaient-elles des rapports vaginaux ? Oraux ? À quelle fréquence ? Se masturbaient-elles ?

Une sexualité régulière

Megan Arnot et Ruth ont alors constaté que peu importait leur âge, les femmes déclarant avoir une relation sexuelle chaque semaine étaient 28 % moins susceptibles de souffrir de ménopause que les femmes ayant des relations sexuelles moins d’une fois par mois.

Quant à une influence des phéromones, les auteurs l’ont éliminée, notant au passage qu’il n’existe aucune preuve concluante que les humains produisent des phéromones ou qu’ils sont capables de les détecter.

Dans les résultats de leur étude publiée l’année dernière dans le journal “The Royal Society Publishing”, elles ont avancé une explication: avoir des relations sexuelles pourrait signaler au corps qu’il existe une possibilité de tomber enceinte. Si à l’approche de la quarantaine, une femme a peu de relations sexuelles, son  corps ne reçoit plus les signaux physiques d’une possible grossesse et il pourrait dès lors lui sembler plus intéressant de ne plus investir ses ressources dans l’ovulation, période durant laquelle expliquent-elles,  “la fonction immunitaire de la femme est altérée, ce qui rend le corps plus sensible aux maladies. Par conséquent, si une grossesse est peu probable en raison d’un manque d’activité sexuelle, il ne serait pas avantageux d’allouer de l’énergie à un processus coûteux.” À l’inverse, si elle a encore des relations sexuelles régulièrement, son corps s’adapte, ovulant un peu plus longtemps….

(1)”Is age at menopause increasing across Europe? : étude de Julia Dratva et al. Publiée en 2009 dans Ménopause.

(2) « Sexual frequency is associated with age of natural menopause : results from the Study of Women’s Health Across the Nation »: étude de Megan Arnot et Ruth Mace, publiée en janvier 2020 dans The royal society Publishing


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